Cette étude compare la stabilité des termes désignant les pots avec leur utilisation et leurs formes, dans le but de saisir certaines dynamiques socio-historiques. Des enquêtes ethnoarchéologiques et linguistiques ont été menées auprès des célèbres potières d'Edioungou en Basse-Casamance, locutrices de la variante huluf de la langue diola kaasa. Dans la langue huluf, comme dans la plupart des langues diolas de Casamance, les mots sont constitués de deux parties essentielles : un radical et un préfixe qui indique la classe (ou catégorie) du mot. Parmi les radicaux, on distingue également deux types : l'un porteur de sens propre, l'autre non porteur de sens (formel). Les pots sont aussi classés en fonction de leur taille, de leur forme et de leur fonction. Ainsi, il est très facile de reconnaître la taille d'un pot uniquement à partir de son nom, comme le montre le radical avec sa classe et signification dans le tableau suivant. Classe Radical 1 Signification a- taaɲ vase de petite taille CL1 / affectif e- taaɲ vase de taille moyenne CL3 / générique ka- taaɲ vase de grande taille CL7 / augmentatif hu- taaɲ vase très grande taille CL9 / péjoratif ji- taaɲ vase très petite taille CL11 / diminutif Chaque radical entre dans sa classe pour indiquer sa taille, sa forme et sa fonction. Ainsi, taaɲ entre dans la classe de diminutif pour indiquer que sa taille est petite.Deuxièmement, on trouve les mots composés d'un radical qui a une signification plus son préfixe de classe, comme le montre le tableau ci-dessous. Classe Radical 2 Suffixe Signification e- íj ND puiser l'eau CL3 / générique e- íj -um ustensile pour puiser de l'eau CL3 / générique instrument ka- íj -um vase à transporter l’eau CL7 / augmentatif instrument Les radicaux que nous trouvons associés à la poterie relèvent de ces deux types, comme indiqué ci-dessus. Ces racines sont extrêmement stables dans les langues diolas et peuvent être reconstituées jusqu'à la proto-famille et ont donc été transmises de génération en génération.