Au cours des trois dernières décennies la pratique des travaux sur cordes s’est fortement développée. Cette activité professionnelle exige des travailleurs qu’ils interviennent sur une structure difficile d’accès et en hauteur en usant de techniques de cordes afin de réaliser des opérations de maintenance (rénovation, nettoyage, installation...). Leurs interventions se déroulent dans différents milieux (urbain, naturel ou industriel) convoquant la verticalité. L’analyse de l’activité des techniciens cordistes donne à voir des professionnels acteurs de leur sécurité face aux différents dangers qu’ils rencontrent. Les variabilités du marché des travaux sur cordes conduisent ces travailleurs à prendre en charge une dimension organisationnelle inhérente aux interventions. Ils accèdent à une autonomie source à la fois de responsabilité et de vulnérabilité qui s’ajoute à la pénibilité induite par les difficultés du travail suspendu. Au-delà du risque de chute, la profession est fortement touchée par la problématique des TMS. Au regard de la vulnérabilité caractérisant cette activité de travail, le secteur est en prise avec des intentions de progrès en matière de prévention, portées par différents acteurs dans une optique de soutenabilité et/ou de légitimité. Qui sont-ils et quelles réponses tentent-ils d’apporter ? Comment s’y prennent-ils (notamment pour appréhender les spécificités de cette pratique professionnelle) et à quelles difficultés sont-ils confrontés ? Pour esquisser une réponse à ces questionnements cette communication, qui s’appuie sur une vaste enquête de terrain dans le cadre d’une recherche doctorale, s’intéressera à deux trajectoires d’innovations illustrant la volonté de réduire la vulnérabilité des travailleurs sur cordes. La première se matérialise sous la forme d’un produit : un équipement ergonomique s’apparentant à un exosquelette permettant d’améliorer la position et la progression sur cordes du travailleur en hauteur. La seconde se présente comme une plateforme collaborative visant à créer une dynamique de partage des méthodes, retours d’expérience et " bonnes pratiques " pour le déroulement des travaux sur cordes. L’étude de ces deux processus d’innovation " en train de se faire " se fera à l’aide d’une analyse sociotechnique s’appuyant sur les outils développés par la sociologie de la traduction. Cette perspective permettra la caractérisation de ces trajectoires et notamment une description détaillée des programmes de ces innovations et la capacité des parties prenantes à intéresser de nouveaux acteurs dans un milieu en attente de réduction des vulnérabilités.