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Communication Dans Un Congrès Année : 2023

« Le body art queer : un artivisme avant-gardiste ? »

Résumé

Dès le milieu du XXème siècle, la performance constitue un nouvel art avant-gardiste, marquant un véritable tournant esthétique (performative turn). Portée dans la sphère germanophone principalement par l’actionnisme viennois, la performance, et plus particulièrement le body art, devient également dès la fin des années 1960 une forme privilégiée par l’avant-garde féministe en Autriche, telles Valie Export, Ulrike Rosenbach ou encore Birgit Jürgenssen. Les artistes femmes développent alors un art corporel qui, au travers d’un female gaze, critique les représentations stéréotypées du corps féminin et crée une rupture avec les canons esthétiques officiels afin de revendiquer une autre place de la femme dans l’art mais aussi plus largement dans la société. Depuis une dizaine d’années, les préoccupations du body art féministe ont évolué en adéquation avec les combats du féminisme actuel, qu’on détermine comme « troisième vague » et intersectionnel. Ces oeuvres ne se contentent plus seulement de critiquer et de déconstruire les clichés essentialistes mais esquissent de nouvelles corporéités et par là-même de nouvelles « sculptures sociales », au sens de Joseph Beuys. Mais dans ce monde contemporain régi tant par la multiplicité des communautés et des réseaux que par un surinvestissement de l’image de soi, comment le body art queerféministe peut-il encore revendiquer un statut d’avant-garde ? Nous nous appuierons sur les travaux d’artistes queer contemporain.e.s issu.e.s la sphère germanophone, tels que l’oeuvre d’Adam Collé diffusée principalement sur les réseaux sociaux et documentée par Pia Hellenthal dans le film Searching for Eva (2019), les performances muséales et posts Instagram de l’autrichienne Julischka Stengele (alias fat.femme.furious), les vidéos-performances expérimentales du duo germano-danois J&K (Janne Schäfer und Kristine Agergaard) ainsi que les installations du tandem autrichien Ashley Hans Scheirl et Jakob Lena Knebl. Nous étudierons comment ces artistes, dans la lignée des performeuses du féminisme deuxième vague, continuent de remettre en question les codes du Beau et du féminin, mais cette fois-ci en proposant une rupture avec les stéréotypes de genre et non plus une simple critique. Cette nouvelle perspective permet de repenser la dialectique entre corps et norme sociale, pour autant constitue-t-elle une révolution artistique ? En s’appuyant sur la notion d’ « artivisme », spectre de gestes à la fois artistiques et militants, nous analyserons comment ces artistes créent une micropolitique des corps inédite. Car si les débuts de l’art avant-gardiste visaient à choquer le bourgeois en brisant très publiquement les normes, les performeur.ses queer s’orientent bien plutôt vers la création de « sculptures sociales » intimistes, des alternatives esthétiques et sociales qui suivent le slogan féministe des années 1960 selon lequel « le privé est politique ». Quelles micro-révolutions corporelles, mais aussi relationnelles voire économiques ces nouvelles oeuvres proposent-elles en marge du régime social hétéronormé ? Dans une société en tension permanente entre individualisation et communauté, obnubilée par l’image et le selfie, l’art de l’intime revêt-il un statut avant-gardiste? Permet-il encore de demeurer un foyer de résistance pour questionner et troubler le genre et d’échapper à ce que Marc Jimenez définit comme le « consensus culturel », c’est-à-dire « la collusion attestée de l’art avec le système économique, politique et technicien qui ‘gère’ la production industrielle des biens culturels »?
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04308420 , version 1 (27-11-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04308420 , version 1

Citer

Priscilla Wind. « Le body art queer : un artivisme avant-gardiste ? ». « Avant-gardes au prisme du genre dans l’espace germanophone de 1945 à nos jours : sociabilités, esthétiques, mémoires », Oct 2023, Lyon, France. ⟨hal-04308420⟩
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