La question des enfants, privés de famille, placés en famille d’accueil, en établissement ou « en vue d’une adoption » s’inscrit dans la longue histoire de la protection de l’enfance en France. Depuis la loi du 19 juin 1923 légalisant l’adoption de mineurs, l’acte adoptif est envisagé comme une solution définitive au problème des enfants sans parents. Pour autant, pour quelles raisons encore aujourd’hui ce profil d’enfants se retrouve confié plutôt à des institutions de la protection de l’enfance qu’à des familles adoptives ? A travers l’analyse préliminaire des entretiens conduits auprès de 8 enfants orphelins de mère et/ou de père - confiés par le/la juge aux affaires familiales à l’Aide Sociale à l’Enfance - et de 20 professionnels travaillant en protection de l’enfance, il en ressort une méconnaissance de la filiation des enfants. Il s’agit souvent d’enfants considérés « sans famille(s) » expliquant de ce fait le non-recours à l’adoption intrafamiliale. Ces enfants semblent isolés et dépourvus de liens familiaux. Selon le discours des professionnels et des enfants âgés de 6 à 14 ans au début de l’enquête, ce sont aussi des enfants non ciblés par les parents adoptants car ils sont pensés comme « difficiles » avec « des troubles du comportement » et « personne ne veut d’enfant comme nous ». Par ailleurs, selon les professionnels rencontrés, les parents souhaitant adopter ne se tournent pas nécessairement auprès des institutions de la protection de l’enfance, mais plutôt vers l’adoption internationale. Cette communication propose de comprendre le parcours d’enfants orphelins placés dans un foyer de la protection de l’enfance et une Maison d’Enfants à Caractère Social, en interrogeant leurs histoires familiales et les représentations qui reposent sur le statut de l’enfant confié à la protection de l’enfance.