A travers l’analyse d'entretiens conduits auprès d'enfants confiés à la protection et des professionnels encadrants, il ressort une certaine opacité des origines. Les enfants ont une connaissance partielle de leur histoire familiale et ne connaissent pas toujours les membres de leurs familles d’origine. Pourtant certains d’entre eux, en quête d’identité, souhaiteraient en savoir davantage. Toutefois les professionnels ne sont pas toujours en capacité de leurs apporter des réponses. Le discours des professionnels met en avant une méconnaissance des filiations des enfants accueillis lorsque ces derniers sont orphelins de père et/ou de mère. Cette méconnaissance et ce manque d’informations sont aussi visibles dans les dossiers des enfants placés, qui sont parfois incomplets. Le placement des enfants implique quelquefois une rupture des liens avec la famille biologique de l’enfant. Selon les professionnels, cela peut être dû à une certaine distance entre l’enfant placé et sa famille ou un manque « d’investissement de la relation » de la part de la famille mais aussi de l’institution de placement qui a « d’autres priorités ». Néanmoins, les enfants placés ne sont pas dépourvus de relations et de liens affectifs. Les arbres et le discours des enfants mettent en lumière une restructuration et une substitution de liens « de parenté » au sein de l’institution. La référence à la famille est très présente chez les enfants, ils considèrent leurs pairs et certains adultes comme des membres de leur famille. C’est une forme de parenté élective. Les enfants choisissent et tissent des liens quasi-familiaux avec les différents acteurs présents dans leur environnement. Les relations entre pairs occupent une place centrale et les enfants accordent une grande place à leurs amis et ils ont soin de les choisir. Ils sélectionnent leurs relations en fonction de leurs parcours. Par exemple, les enfants ayant rencontré les mêmes ruptures ont tendance à s’allier et créer une relation considérée comme « très forte » et durable. Cette réflexion autour des liens institutionnels interroge par ailleurs l’impact de la cohabitation sur les pratiques des différents acteurs présents (enfants et professionnels) mais aussi la manière dont le partage du quotidien peut influer la place de chacun et les relations qui se tissent. Cette communication présente donc plusieurs enjeux : Premièrement, il s’agit de saisir les origines et configurations familiales des enfants sans parent(s) placés dans une institution de la protection de l’enfance. Deuxièmement, l’objectif est d’analyser la restructuration des liens au sein d’un établissement d’accueil. Troisièmement, il est intéressant de questionner la vie quotidienne des enfants pour comprendre la place et les pratiques de chacun.