La IVe République et les débuts de la Ve République sont marquées par une opposition récurrente et frontale entre les gaullistes et les communistes. Les premiers développent au temps du RPF tout un argumentaire pour présenter les communistes du PCF comme des agents de l'URSS qui n'ont aucune attache pour la France et veulent instaurer une dictature soviétique. Les seconds recyclent un imaginaire antifasciste appliqué auparavant aux pétainistes pour désigner les gaullistes comme les nouveaux fascistes à abattre. L'effondrement du RPF donne un peu de répit aux deux familles politiques. Le retour au pouvoir du général de Gaulle en mai-juin 1958 voit le PCF relancer son discours d’antan en l'agrémentant des accusations de coup d’État et de putschisme. Les gaullistes en revanche se focalisent peu sur les communistes durant la guerre d'Algérie et les années suivantes, leurs principales préoccupations étant les attentats du FLN puis de l'OAS et leurs partisans. Les événements de Mai-Juin 68 marquent un basculement dans les représentations gaullistes de la « menace rouge ». Désormais, une « subversion marxiste » serait à l’œuvre pour détruire la démocratie et la liberté. Les gaullistes reprennent un ensemble de caricatures et d'arguments anticommunistes du mouvement Paix et Liberté en innovant sur les moyens de communication (nouvelles technologies, nouvelles graphies, dynamisme et humour). Les communistes ne sont pas en reste et maintiennent le même discours. Bien qu'il existe un recul relatif de ces représentations péjoratives entre 1974 et 1977, les élections municipales et législatives provoquent le retour de la diabolisation de l'adversaire. Toutefois, il n'y a ici aucune innovation ni changement. Les néogaullistes chiraquiens et les communistes maintiennent des représentations qu'ils ne veulent pas mettre à jour. Cela va leur nuire puisque ces discours anxiogènes ne reflètent plus la réalité politique de la fin des années 1970. Finalement, les échecs de Jacques Chirac et Georges Marchais en 1981 et de leurs partis politiques respectifs aux législatives qui suivent mettent en lumière le décalage de leurs discours fantasmagoriques avec l'opinion publique.