Les aménagements urbains et les interventions archéologiques dans les villages donnent souvent lieu à la découverte de cimetières modernes disparus. Depuis une quinzaine d’années, ces opérations sont le plus souvent possible associées à une recherche en archives, réalisée pendant ou après les sondages afin de répondre à une problématique élaborée grâce aux découvertes. Les recherches sont axées sur plusieurs thèmes : tout d’abord, il s’agit de découvrir des éléments topographiques permettant une description du cimetière, sa localisation, son étendue, ses aménagements internes. L’étude concerne également la chronologie : la date à laquelle le cimetière est attesté, sa durée d’utilisation, les périodes d’abandon. Les recherches peuvent aussi porter sur la population : étude de la mortalité et des catégories sociales. Le but de la communication est de présenter un aperçu des multiples sources archivistiques permettant de documenter les cimetières modernes à travers les différents exemples rencontrés lors des opérations archéologiques. L’abondance des archives est très aléatoire selon les sites. Le fait marquant tient dans la diversité des sources potentiellement intéressantes pour documenter les espaces funéraires. Le point de départ est souvent la recherche des plans, notamment le cadastre ancien et les plans itinéraires du XVIIIe s. dont le géoréférencement permet la localisation des cimetières disparus. Il est rare de trouver des plans plus anciens dans les villages. Parmi les sources les plus importantes se trouvent les transactions immobilières. Les originaux peuvent être conservés dans les fonds des paroisses, des établissements religieux, des notaires ou listés et résumés dans les inventaires des titres. Les actes immobiliers permettent souvent d’attester la présence d’un cimetière et de le localiser car les biens sont situés par leur mitoyenneté avec des éléments topographiques marquants comme les murs d’enceinte, l’église, les chemins, les cimetières. Les sources émanant de l’évêque peuvent contenir des édits, des correspondances, des visites pastorales évoquant le cimetière, son aspect et son éventuel abandon. Les registres paroissiaux constituent une source importante, tant pour les éléments topographiques que pour les données sur la mortalité. Deux fouilles ont donné lieu à des statistiques permettant d’étudier la mortalité par classe d’âge, par sexe, par classe sociale et d’identifier les périodes de crise. La présence de différents lieux d’inhumations selon les périodes a également pu être démontrée. Outre les archives religieuses, différentes archives civiles permettent de documenter les cimetières, comme les délibérations municipales du XVIIIe s. qui mentionnent des projets de translation de cimetière. Les sources permettant d’attester l’utilisation du cimetière hors les murs d’Azay-le-Rideau (37) durant l’époque moderne proviennent ainsi du chartrier des seigneurs de la ville. L’étude d’archives apporte de nombreux éléments inédits que ne permet pas une simple analyse archéologique des vestiges.