Dans les années 1920, bien avant son départ pour le Brésil, Roger Bastide publia des poèmes, tels que La montée au désert ou Dépaysements. Cet intérêt pour le langage poétique l’accompagna jusqu’à sa mort. En reprenant les théories d’Henri Brémond, pour qui il n’y aurait qu’une différence de degré entre la notion de mystique et celle de poésie, Bastide réfléchit à l’expérience poétique à partir de l’expérience mystique qui, à ses yeux, trouve l’une de ses principales expressions dans l’intuition esthétique. Tout le long de son œuvre, Bastide s’adonnera à une exploration sensible, fondamentalement d’ordre poétique, perçue comme une autre facette, non moins importante, de l’entreprise scientifique. Cette approche poétique deviendra, pour lui, la seule façon d’entrer en contact avec l’expérience mystique, en se laissant emporter par la « tentation des gouffres ».