Transition, révolution, singularité : technofictions et imaginaires du changement chez William Gibson
Résumé
The works of science-fiction writer William Gibson are in good part about the impossibility of imagining the future. Though his bestknown novels are all set a few decades or a few centuries ahead of the time of their writing, their point is more to emphasise the difficulty of coping with a rapidly changing world (and its increasingly menacing end) rather than earnestly to try to guess the shape of things to come. From his early short stories to his most recent novels, William Gibson investigates our own bewilderment in a time when history seems to deviate from what was thought to be its normal course. Through evocations of retrofuturism, technological singularity, temporal paradoxes and alternate realities, he unravels the depth of our perplexity in the face of the ongoing evolution of the world, which seems, in many ways, utterly strange. In so doing, he provides a fascinating case-study of how fiction can shape our own vision of reality.
L’oeuvre de l’écrivain de science-fiction William Gibson (né en 1948) peut se lire comme une série de variations autour du thème de l’impossibilité d’imaginer le futur. Bien qu’il soit surtout connu pour ses récits d’anticipation, son objet n’est pas tant d’imaginer les évolutions futures de la technique et de la société que d’explorer les rapports que nous entretenons avec l’idée même de changement, à une époque caractérisée par une accélération apparente des transformations techniques et la perspective de plus en plus menaçante d’une fin de l’humanité. De ses débuts littéraires à ses oeuvres les plus récentes, William Gibson explore différentes figures du trouble face à ce qui est perçu comme une déviation du cours normal de l’histoire. En jouant tour à tour sur l’échec des anticipations passées, l’idée de singularité technologique, et même les paradoxes temporels et les réalités parallèles, il révèle l’étendue de notre propre désorientation face à un monde dont l’évolution paraît de plus en plus étrange. Par là même, il nous interroge sur le rôle de la fiction dans notre propre interprétation du réel.