À partir d’une enquête réalisée en 2019 dans le cadre d’une commande du Département des études statistiques et de la prospective du ministère de la Culture (DEPS), nous avons étudié les modalités concrètes d’exercice des activités de recherche des conservateurs-restaurateurs de biens culturels. Ayant suivi une formation de niveau Master incluant l’acquisition de compétences scientifiques et la réalisation d’un mémoire de recherche, ils ont souvent à coeur de produire de nouveaux savoirs. Pourtant, les activités de recherche sont le plus souvent pratiquées bénévolement, sur leur temps libre, ce qui occasionne épuisement et frustration même si certains exemples montrent que cette pratique peut être durable et porteuse de bénéfices personnels et collectifs. Nous avons identifié deux grandes façons de « faire de la recherche » tout en pratiquant son métier — la segmentation et l’intégration — selon que les personnes considèrent les deux activités comme distinctes et les exercent séparément, ou bien les présentent comme étant indissociables l’une de l’autre et donnant lieu à la construction d’une expertise hybride.