L’alternance, une vielle idée neuve
Abstract
Invité à présenter les résultats de mon travail de thèse lors de ce colloque, j’ai décrit la manière dont les fonctions sociales allouées aux formations en alternance des maisons familiales rurales ont évolué depuis leur création dans les années 1930. J’ai choisi d’analyser cette évolution à travers les transformations du métier de moniteur et de monitrice de maison familiale rurale (MFR). J’ai d’abord montré que l’objectif initial des MFR était de former la petite et moyenne paysannerie sans déposséder les parents de leur rôle traditionnel dans la transmission des savoirs-pratiques agricoles. La scolarité en MFR permettait aux enfants d’être mobilisés comme main d’œuvre dans les exploitations familiales, tout en essayant de valoriser les jeunes dans les fonctions locales, à travers leurs engagements dans la jeunesse agricole catholique. J’ai ensuite mis en évidence le fait que les fonctions des MFR se sont progressivement transformées sous l’effet de la seconde de massification scolaire. Elles ont connu des transformations similaires à celles observées dans l’enseignement professionnel en jouant désormais un rôle d’accueil des élèves en difficulté scolaire. Ces changements ont transformé tant les profils des moniteurs et des monitrices que leurs représentations de leurs fonctions. Les MFR sont prises dans des logiques différentes, entre cette logique de remédiation scolaire très importante, mais également une logique de professionnalisation, à travers l’alternance, mais elles jouent aussi une fonction d’éducation plus large, notamment à travers l’internat qui constitue le mode d’accueil privilégié dans l’enseignement agricole technique. Les MFR ne poursuivent pas comme objectif prioritaire une adéquation entre la formation et l’emploi, bien que cela soit un impératif constant de ces établissements de formation.