L’inscription en 2012 du bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais a célébré l’entrée de ce territoire aux représentations négatives persistantes dans la liste des biens exceptionnels et universels dans la catégorie « paysage culturel et évolutif vivant ». Cette catégorie montre bien l’intention de considérer ce territoire comme un construit qui a connu de nombreuses transformations depuis le 18e siècle, d’une part, mais aussi la volonté de ne pas faire de la patrimonialisation une mise sous cloche, d’autre part. L’ensemble des biens inscrits pour constituer ce paysage culturel concerne à la fois des éléments relatifs au travail, à la marchandisation de la matière première et des éléments relatifs au quotidien. Les symboliques véhiculées sont plurielles et potentiellement contradictoires : puissance économique passée, encadrement socio-culturel des population locales, dangers et répercussions sanitaires du travail, fierté du statut de mineur. Ces deux éléments, évolutivité et diversité, nous semblent être deux axes forts de la spécificité du bassin minier au prisme de la question patrimoniale et de l’inscription Unesco. En effet, comment garantir l’évolutivité d’un bien qui doit être conservé et protégé selon les critères d’intégrité et d’authenticité (au risque de perdre le ‘label’ Unesco) ? Comment intégrer les valeurs potentiellement négatives associées au bien inscrit dans le discours mémoriel quand celui-ci doit permettre la valorisation, ludification et développement d’une destination touristique ? A partir de travaux de recherche réalisés dans le cadre d’une thèse soutenue en 2019, nous montrerons comment les normes et préconisations de l’Unesco introduisent unt rapport figé au patrimoine bâti comme aux mémoires associées. Les exemples complémentaires de l’habitat et des initiatives relatives à la valorisation touristique du territoire apporteront un éclairage additionnel aux régimes d’authenticité (Morisset, 2009).