En 2012, le bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais est inscrit sur la liste du patrimonial de l'Unesco au titre des paysages culturels évolutifs vivants. Cette catégorie semble donc introduire une certaine souplesse et prise en compte de l'évolutivité du bien inscrit. Le paysage du bassin minier et la mise en patrimoine de l'héritage minier ne doit donc pas signifier une mise sous cloche ou une muséification du territoire. Pourtant, la géographie française a montré depuis longtemps la "parenté conceptuelle" entre patrimoine et territoire et de quelle manière il participe aux questions identitaires (Di Méo, 1994). Cette parenté a depuis été largement assimilé par les tenants de l'action publique locale qui lient régulièrement patrimoine et territoire dans des mises en récit valorisant l'identité territoriale (Lussault, 1997) alors que l’identité est une construction sociale forcément évolutive en fonction des contextes (Di Méo, 2009). Aussi, la patrimonialisation associée au rappel constant de l'identité minière du territoire dans les discours, les opérations de valorisation touristique - alors que celle-ci n'est qu'un élément de l'identité globale du territoire - contribuent à donner une fixité à ce qu'on appelait pourtant l'ex-bassin minier dans les années 1990. Le fait de s’y rapporter sans cesse est-il réellement libérateur pour la population locale ? Quand ce patrimoine et cette identité sont ambivalents, les stratégies adoptées par les pouvoirs publics sont-elles vraiment les plus adéquates ? Cette très grande importance accordée à l’identité minière n’est-elle pas justement un piège territorial (Agnew, 1994) en réifiant (Guermond, 2006) le bassin minier ? Même recyclé et porteur de valeurs renouvelées, ressasser le passé n’est-il pas plus enfermant que véritablement émancipateur pour les populations ? Nous proposerons ici le concept de dilemme territorial à partir d'un travail de thèse soutenu en 2019 pour répondre à ces questions.