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Rapport Année : 2021

Rapport, Fouilles programmées, Le Planet, Méthodes phasages et perspectives, vol ,1 380p.

Résumé

Synthèse et perspectives La recherche initiale sur ce site avait pour objectif de dater la stèle/statue-menhir et vérifier la présence ou non de niveaux archéologiques associés. Les découvertes majeures réalisées lors des campagnes de fouilles ont fait évoluer la recherche vers une problématique d’étude d’un site d’habitat et de métallurgie occupé durant une longue période. Ces travaux ont impliqué de revoir la stratégie de fouille et de constituer une importante équipe de recherche. Les campagnes passées ont permis de réaliser l’étude d’une partie des niveaux bas et en aval notamment jusqu’en 2018. Cette campagne a permis de démontrer que le site était constitué d’une zone basse et d’une zone de terrasse où les niveaux archéologiques se développaient sur plus de trois mètres. Cette terrasse avec une stratification majeure était située dans un angle de la fouille et à la fin 2018 cette partie se trouvait déjà en limite de sécurité ce qui nécessitait un retrait la mettant hors fouille pour les années suivantes. En accord avec M. le Conservateur il a été décidé de geler la zone basse et de réaliser en 2019 une extension de fouille qui permette d’étudier la séquence stratigraphique complète. La problématique de fouille est donc d’étudier toute la séquence d’occupation du Planet dans une partie de la zone où la stratigraphie couvre une très longue durée et là où elle est la mieux conservée. Une très grande partie du site, y compris là où la stratification est la plus importante, restera en réserve. À ce jour la chronologie relative indique une succession d’occupations quasi ininterrompues qui ont abouti à la constitution de plus de trois mètres de dépôts anthropiques. Les fouilles ont montré que cette stratification est constituée de dizaines de séquences ininterrompues de construction, occupation, terrassement, construction, occupation… Les datations 14C indiquent que la plus ancienne phase connue à ce jour est datée entre 3300 à 3100 BCE alors que les phases les plus récentes sont datées vers 2500BCE. L’objectif de cette fouille est d’étudier la chaine opératoire de la métallurgie, l’environnement, l’architecture et les mobiliers d’un atelier néolithique de métallurgie. L’objectif étant de préciser les composantes, la chronologie et l’évolution des différents domaines étudiés durant une longue période comprise entre 3300 et 2500 BCE. La stratification rapide d’une succession de constructions, sans longue période d’abandon, a permis une bonne conservation des niveaux archéologiques. Malheureusement cette succession rapide de reconstructions avec terrassement des niveaux antérieurs a aussi été la cause de nombreux arasements qui ont détruit tout ou partie des niveaux antérieurs. Les vestiges des nombreux petits bâtiments construits sur ce site sont souvent limités à des lambeaux de sols et à quelques calages de poteaux isolés. Des fouilles minutieuses ont permis de mettre en évidence des process de construction inédits dans ces régions notamment de systèmes de drainage des structures bâties. Ces structures étant des constructions posées et quasi jamais ancrées dans le sol. Les recherches menées jusque-là ont montré que l’acidité des sols avait totalement détruit les os et les matières dures animales. De fait l’élevage, l’alimentation carnée, la chasse, les outils en matières dures animales et d’éventuelles études anthropologiques sont exclues des champs de recherche. A contrario de nombreux foyers ont bien préservé les charbons de bois et de nombreux restes carpologiques. Les études sur l’environnement et l’agriculture ont déjà donné de précieuses indications, elles continueront à être menées sur chacun des niveaux d’autant plus que la fouille va rapidement atteindre des strates très bien conservées. Elles permettront de compléter les données environnementales et sur les pratiques agricoles. La fouille du Planet a permis de confirmer qu’il s’agissait d’un site majeur de la métallurgie chalcolithique et que ce district minier était une des principales sources de la métallurgie ancienne régionale. Cette découverte permet ainsi de confirmer les relations des gîtes de cuivre de la haute vallée du Dourdou avec le complexe culturel du groupe des Treilles. Celui-ci était connu pour avoir livré de nombreux objets en cuivre très précocement dans le sud de la France mais la nature et les process de la métallurgie étaient inconnus. La fouille de ce site constitue donc une avancée majeure mais il reste de nombreuses questions à résoudre notamment sur les débuts de cette métallurgie et sur les exploitations minières. Le site est donc une référence majeure pour la compréhension et la connaissance de la métallurgie régionale du néolithique final. Au Planet la métallurgie du cuivre mais aussi du plomb est attestée dans tous les niveaux sauf dans les plus anciens qui n’ont été atteints que très ponctuellement. Un niveau daté dans le dernier tiers du quatrième millénaire a été identifié au niveau d’un petit bâtiment périphérique sans que l’on puisse savoir si des activités de métallurgie était déjà présentes. Cette métallurgie est maintenant bien caractérisée pour les phases les plus récentes mais reste très parcellaire pour les niveaux médians du site, et incertaine pour les niveaux anciens. L’équipe de recherche envisage la poursuite de la fouille sur cette zone avec comme objectifs poursuivre la documentation et des études sur ce site. Les objectifs principaux étant de dater l’apparition de la métallurgie, de la caractériser pour chacune des phases identifiées. Les études classiques de tout site archéologique seront poursuivies, notamment afin de dater et préciser la succession des occupations et des activités humaines dont le rythme reste encore mal établi. En parallèle les recherches à venir continueront et à chercher à établir les sources d’approvisionnement, les relations avec les sites régionaux (habitats, ensembles funéraires, sites de métallurgie) et la diffusion des produits finis. Études réalisées, en cours et à venir Les fouilles précédentes et les nombreuses découvertes nous ont amené à développer des études ad hoc dans les domaines de spécialité nécessaires à l’étude des vestiges que nous avons mis au jour (cf. rapport vol. 2). Une équipe de chercheurs a engagé des recherches qui vont se poursuivre dans divers domaines. Étude géomorphologique La stratification du site avec de nombreuses phases d’occupation nécessitait la mise en place d’une étude géomorphologique adéquate. Ce qui a été fait et complété par une étude micromorphologique. Ces études seront poursuivies et approfondies pour compléter la connaissance des pratiques de construction et des différentes activités. Ces études pourraient permettre de remonter aux sources de l’activité métallurgique et préciser son évolution dans le temps. Architecture Les campagnes de fouilles précédentes montrent que le niveau le plus ancien connu à ce jour, était constitué de bâtiments assez grands à base en pierre sèche, puis les niveaux au-dessus ont livré une succession continue de petits bâtiments à structure en terre et bois maintes fois reconstruits. Compte tenu d’un arasement systématique des constructions antérieures avec remploi partiel des matériaux il ne reste que des sols partiellement conservés et des lambeaux de bases de structures en élévation. Ces vestiges plus ou moins bien conservés permettent cependant de délimiter les niveaux archéologiques et apportent des informations sur les pratiques architecturales et l’occupation de l’espace. Cet aspect continuera à être documenté minutieusement par une fouille extrêmement fine. Métallurgie La présence d’indices de métallurgie en 2015-2016 nous avait déjà incités à rechercher des spécialistes des études de métallurgie. Nous avions pris contact avec l’équipe de Cabrières qui nous a mis en contact avec M. E Dransart spécialisé dans les analyses métallurgiques. En 2017 la découverte de plusieurs aires de métallurgie du cuivre nous a amené à demander à Marie Laroche de participer à l’équipe et de fouiller le premier four de réduction. Entre entre temps un étudiant en thèse sur la métallurgie ancienne (K. Costa) nous a rejoint et maintenant il prend en charge le volet métallurgique. E Dransart du laboratoire EMTT a réalisé une série d’analyses minéralogiques systématiques (chimie et structure) sur les scories, les résidus de métallurgie, les minerais et les fragments de métaux découverts lors de la fouille. Les premiers échantillons étudiés avaient mis en évidence une métallurgie du cuivre mais aussi des indices d’une métallurgie du plomb. Les campagnes de fouille 2018 à 2021 ont confirmé la présence d’une métallurgie complexe basée sur l’utilisation de minerais cuprifères et plombifères. Il a ainsi été démontré l’utilisation de minerais classiques à dominante cuivre, la malachite et la tétraédrite ; mais aussi une utilisation de minerais à base de plomb, inconnus dans la préhistoire, la bournonite et la bindheimite. D’importants vestiges de cette métallurgie ont été mis au jour notamment quelques artéfacts en métal et de nombreuses structures de réduction. La fouille a atteint des niveaux où des structures de fours en batterie ont été particulièrement bien conservés. Leur fouille prévue pour 2022 sera très importante afin évaluer l’importance et l’organisation des activités métallurgiques. Les études métallurgiques sont très importantes, elles ont permis des recherches exhaustives sur les minéraux, les minerais, les scories, les process métallurgiques et des objets en métal produits sur site. Ces études vont continuer notamment sur des objets et artéfacts découverts en 2021. Un approfondissement de certaines études est prévue en collaboration avec M. G. Artioli professeur à l’Université de padoue. PCR Mines, métallurgies pré et protohistoriques en Occitanie La découverte de cet atelier de métallurgie a évidemment posé la question de l’origine des minerais transformés et de la destination des produits finis ou semi finis : les métaux. Pour mener à bien ces indispensables recherches un PCR dénommé Mines, métallurgies pré et protohistoriques en Occitanie (dir. K. Costa, & M. Maillé), a été mis en place avec comme objectif d’identifier l’origine des minerais du Planet et plus largement d’étudier les origines et la diffusion des métaux à base cuivre et plomb durant la pré et la protohistoire. La poursuite de la fouille du Planet continuera à s’inscrire dans cette logique de caractériser la métallurgie néolithique depuis ces débuts dans le cadre du contexte archéologique régional. Le PCR s’attachera à poursuivre l’étude des chaînes opératoires des métallurgies anciennes depuis les mines jusqu’aux objets finis. Environnement La découverte de nombreux foyers domestiques, culinaires ou d’éclairage, ayant préservé quantité de restes carbonisés a permis de mettre en place des études environnementales. La première est l’étude anthracologique réalisée par Sarah Ivora et la deuxième est l’étude carpologique réalisée par Laurent Bouby. Ces deux études ont livré des informations relatives à l’environnement et aux activités agricoles. Elles seront poursuivies pour chacun des niveaux fouillés. Une étude sera tentée sur des scories métallurgiques afin de tenter de connaitre la nature des charbons de bois utilisés lors des opérations de réduction des minerais. Géophysique Une étude géophysique a été mise en œuvre pour essayer de connaitre le profil du terrain. Il a été découvert des anomalies profondes qui devront être vérifiées à la fouille. Il n’est pas prévu de réaliser de nouvelle étude de ce type Mobilier À ce stade le mobilier domestique qui présente le plus fort potentiel d’études est la céramique. Celle-ci découverte en nombre est très fragmentaire mais elle peut permettre de préciser les liens culturels et le cadre chronologique. L’étude des techniques céramique est réalisée par R Suso (doctorant) sous la direction de Jessie Cauliez UMr 5608 TRACES. En complément une étude micromorphologique sur lames minces a été menée par F. Convertini INRAP, UMR 7269 – LAMPEA. Les premiers résultats sont communiqués dans ce rapport. Ces chercheurs vont continuer à étudier ces mobiliers. Le mobilier en roches tenaces et en roches siliceuses (meules, broyeurs, percuteurs) a été étudié par Jean Vaquer et le responsable d’opération. Le potentiel d’apport d’informations inédites du mobilier en roches siliceuses est, en l’état des découvertes, peu important car le site livre très peu d’artéfact en matière siliceuse. L’industrie en roche tenace, notamment de mouture est un peu plus importante. Une étude plus approfondie des industries sur roches tenaces (meules et percuteurs) sera engagée dès que possible. Cette industrie a surtout été mise au jour dans des fosses à l’extérieur des niveaux d’occupation. Ces fosses appartiennent toutes aux périodes d’occupation du site mais compte tenu du contexte stratigraphique et chronologique il est impossible de les rattacher à un niveau précis. Datations Plusieurs séries de datation 14 C de datation Artémis ont été réalisées, elles ont toutes données un âge compris entre 2870 et 2480 BCE à l’exception d’une datation d’un niveau inférieur qui a donné 3300-3100 BCE. Une datation systématique par le 14 C des principaux niveaux archéologiques sera réalisée afin de préciser la chronologie absolue du site. Le problème du site du Planet est qu’une grande partie de l’occupation se situe à une période de plateau du carbone 14 qui rend impossible une datation précise qui permettrait de connaitre la chronologie absolue de chaque niveau. Une étude anthracologique est en cours celle-ci permettra peut-être d’apporter des précisions sur la chronologie absolue entre les niveaux. Compte tenu de la présence d’un niveau très ancien par rapport au début de la métallurgie il nous semble primordial d’étudier ces horizons afin de déterminer l’apparition de la métallurgie sur le site et peut-être au niveau régional. Relations culturelles Compte tenu de l’importance du site et de son potentiel, les découvertes doivent et devront être mises en perspectives avec les découvertes et sites du Néolithique régional. Des études et comparaisons sont en cours de développement sur les relations du site du Planet avec les groupes néolithiques régionaux, le groupe des Treilles, les groupes de Fontbouisse, Férrières, Verazza, Saint-Pons et bien sûr avec Cabrières et ses activités métallurgiques. Un projet d’études anthropologique du groupe des Treilles inclura un volet analyse isotopique des ossements afin de vérifier si des individus inhumés dans les cavités caussenardes ont enregistré dans leurs os une pollution due à des activités de mineur ou de métallurgiste. Formation De nombreux étudiants se sont formés lors de la fouille du Planet ce volet continuera notamment sur les volets, détection des niveaux construits en terre, stratigraphie, analyse et enregistrement des données …
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04280287 , version 1 (10-11-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04280287 , version 1

Citer

Michel Maillé, Kevin Costa. Rapport, Fouilles programmées, Le Planet, Méthodes phasages et perspectives, vol ,1 380p.. Vol 1, UMR5608 TRACES. 2021. ⟨hal-04280287⟩
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