Avant la pandémie de la covid-19, le travail à distance du site de l’employeur (réalisé au domicile ou ailleurs) concernait plutôt des hommes, qualifiés, avec une diffusion variable d’un pays à l’autre. En France, le travail à distance était très peu implanté ; à la faveur de la pandémie, le télétravail réalisé depuis le domicile ne modifie que marginalement les organisations domestiques : les hommes télétravaillent principalement, tandis que leur conjointe exerce son activité à l’extérieur, ne devenant qu’un appoint dans les arrangements entre travail et famille. En Suisse, à la faveur d’un travail à domicile historiquement plus fréquemment mis en place, les hommes peuvent absorber une part plus importante du travail domestique et parental ; les femmes restent toutefois les principales orchestratrices du travail domestique et parental. En Suède, où la pratique du travail à distance est beaucoup plus répandue, la localisation de l’activité professionnelle masculine au domicile engendre une complète réorganisation du travail domestique et parental, dans laquelle celui qui est au foyer assure l’essentiel des tâches associées à cet espace. Ces configurations soulignent que la division sexuée du travail n’est pas seulement le résultat des conditions matérielles de travail : elle s’ancre dans des normes et conventions, variées selon les pays et plus ou moins vectrices d’égalité entre les femmes et les hommes