Genocide, from conception to misconception
Le génocide, de la conception à la méconception
Résumé
This article defends a unifying definition of genocide. It proposes to understand Raphael Lemkin’s concept, sometimes distorted by misinterpretations, starting from the idea of “ungrouping” (section I). It highlights the “turn of the substantiality of Srebrenica”, an important step in refocusing researchers on the United Nations definition (section II). Then it presents and criticizes a selection of philosophical reflections, which resist this shift by still defending narrow or broad definitions (section III). It comments on the transdisciplinary work of Jacques Semelin, a reference for some researchers, especially French, but which oscillates tragically between reconception and redefinition (section IV). It then moves on to classical antiquity, whose historiography will illustrate a kind of preconception of genocide that should be called “misconception” (section V). It shows certain devastating effects of the latter in the theoretical parts of some texts in French, in particular on the Gallic Wars (section VI). Finally, it looks for objections that historians might raise regarding the use of the word “genocide” and tries to answer them (section VII).
L'article défend une définition du génocide fédératrice. Il propose de comprendre le concept de Raphael Lemkin, parfois déformé par des contresens, à partir de l'idée de « dégroupement » (section I). Il met en évidence le « virage de la substantialité de Srebrenica », étape importante pour le recentrage des chercheurs sur la définition des Nations unies (section II). Puis il présente et critique une sélection de réflexions philosophiques, qui résistent à ce changement en défendant encore des définitions étroites ou larges (section III). Il commente le travail transdisciplinaire de Jacques Semelin, une référence pour certains chercheurs surtout français, mais qui oscille tragiquement entre reconception et redéfinition (section IV). Il se tourne ensuite vers l'Antiquité classique dont l'historiographie illustrera une sorte de préconception du génocide qu'il faudrait appeler « méconception » (section V). Il montre certains ravages de celle-ci dans les parties théoriques de quelques textes en français, notamment sur la guerre des Gaules (section VI). Enfin, il cherche les objections que des historiens pourraient soulever concernant l'utilisation du mot « génocide » et tente d'y répondre (section VII).
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