Traditionnellement, dans l’étude des trajectoires mobilitaires des individus, les enfants sont considérés comme un évènement qui modifie les comportements de déplacements des parents à leur arrivée (Zwerts, Janssens, et Wets 2010). Parallèlement, se met en place un nouveau champ de recherche, celui de la sociologie de l’enfance, qui défend un nouveau statut pour l’enfant, celui d’un acteur social à part entière (Sirota 2015). Ces éléments sont repris par les chercheurs en science sociales et notamment en géographie et études urbaines, qui invitent à considérer l’enfant comme partie prenantes de différentes sphères sociales qui dépassent la sphère privée et les espaces dédiés à l’enfance, et replace les enfants comme des usagers de l’espace public dotés de comportements et usages qui leurs sont propres (Danic, Delalande, et Rayou 2006; Meire et Vleugels 2004). Malgré cela, l’analyse des mobilités des enfants demeure dans le registre du quotidien, et semble basée principalement sur des enjeux d’autonomie des enfants lors de leurs déplacements (Christensen et al. 2011). Les enfants, sont présentés comme contraints dans leur mobilité (Depeau 2013), notamment en termes de choix modaux, et replacés dans une position de futurs usagers des différents modes de transport plutôt qu’usagers du présents avec un vécu propre. Pourtant, les études longitudinales sur l’influence des choix modaux et comportements mobilitaires parentaux, sur les choix modaux futurs, démontrent plutôt que l’expérience vécu du déplacement dans l’enfance et l’adolescence a plus d’influence sur les comportements de mobilités que l’attitude parentale (Johansson 2005). Cette communication propose de partir de ce résultat et de s’intéresser aux mobilités pendant l’enfance comme un moment de la trajectoire mobilitaire des individus. Plus particulièrement, elle s’intéresse aux mobilités, dans un espace-temps lié à l’occasionnel, celui du train. En s’appuyant sur des concepts tels de que celui de l’ « habiter » ou le vécu du déplacement (Flamm 2005), le train y est considéré comme un espace appropriable qui partage les caractéristiques d’un espace urbain (Fretigny 2011). Il s’agira dans ce cadre, d’analyser les représentations du train chez les enfants, au regard de leurs représentations graphiques du train idéal, mais également de leur vécu (observé et raconté) du voyage en train. La comparaison entre les imaginaires d’un voyage parfait et les usages du temps réels à bord des trains, aura pour objectif de questionner le caractère exceptionnel ou banal du voyage en train. Cette mobilité occasionnelle, renvoie-t ’elle à un imaginaire propre ou se rattache-t ’elle à des représentations plus proches du quotidien ? Comment ces représentations raisonnent-t ’elles avec l’expérience vécue du déplacement en train ? Le travail présenté repose sur un protocole méthodologique mixte. Celui-ci combine, observations directes des déplacements en train de 15 familles, et entretiens réflexifs individuels sur le trajet observé et la pratique du train en famille. Parents et enfants sont interrogés. Les entretiens avec les enfants commencent par une discussion sur un dessin réalisés par leurs soins représentant le « train parfait ou train rêvé ». Les observations à bord, inspirées de la méthode de la cartographie comportementale (Legendre et Depeau 2003) consistent en l’observation des activités des enfants, en lien avec leur lieu de réalisation. Les familles recrutées sont composées en majorités de deux parents et deux enfants, un parent et deux enfants ou un parent et un enfant. Le corpus mobilisé représente 25 entretiens d’enfants entre 6 et 13 ans et 24 dessins, 21 entretiens de parents accompagnateurs, et les notes de 24h d’observations à bord de Trains Grande Vitesse classiques (TGV Inoui) et low-cost (OuiGo), entre février et novembre 2022. Les résultats présentés compareront les dessins tels qu’ils sont racontés par les enfants avec leur vécu du déplacement et leur expérience du voyage en train, il viseront à définir dans quelle mesure l’imaginaire du train relève d’un imaginaire proche de l’habitude et du quotidien ou de l’exceptionnel et de l’occasionnel.