Le colloque organisé par I. Männlein-Robert et V. Drecoll invite à envisager platonisme et christianisme comme deux ordres se menaçant réciproquement dans l’Empire romain à la fin de l’Antiquité. L’interdépendance polémique de leurs discours s’observerait chez Porphyre et Eusèbe, notamment dans leurs doctrines sur l’âme et les conséquences éthiques et rituelles de celles-ci. Notre communication met cette hypothèse à l’épreuve de l’Ad Gaurum. Porphyre y soutient que l’embryon reçoit une âme seulement après la naissance et qu’il n’est un réel zôon qu’à partir de ce moment-là. Cette conviction prétend s’appuyer sur des citations de Platon. Or elles sont bien souvent détournées de leur sens obvie. Nous tentons d’interroger les raisons de cette défense qui paraît trahir Platon tout en prétendant lui être fidèle. Porphyre veut sans doute s’inscrire dans la suite de Plotin et s’opposer aux Stoïciens, à Aristote et surtout aux médio-platoniciens qui ont nourri sa pensée. Mais son insistance pourrait servir un but plus pressant. Une polémique antichrétienne est-elle en jeu ? La conception divine du Christ semble en effet mise à mal par sa position. Porphyre a pu y songer ; si ce n’est pas le cas, ses lecteurs chrétiens, du moins, s’en inquiéter. Le colloque fournit l’occasion d’ouvrir cette piste de recherche et d’évaluer la « menace » éventuelle que pouvait représenter la doctrine de l’animation tardive eu égard à d’autres fondements de la théologie chrétienne en train de s’élaborer. La question éthique n’est pas oubliée : les conséquences d’une position ou de l’autre sur l’avortement sont abordées en conclusion.