Ce numéro spécial invite au dialogue entre savoir(s) et pouvoir(s). Ce questionnement, loin d'être récent, a sans doute connu une résurgence dans le contexte, inédit à l'échelle contemporaine, de la crise sanitaire du COVID-19 et de ses modalités de gestion par les autorités publiques à travers le monde. Prenons l'exemple de la décision peut-être la plus emblématique de cette période : le confinement massif des populations et ses justifications. En effet, pour légitimer cette mesure extrême, les autorités se sont largement appuyées sur des instances, généralement consultatives, composés de « sachants », scientifiques et experts. Les relations entre pouvoir(s) et savoir(s) s'entendent bien au-delà de cette crise sanitaire et affectent aujourd'hui bien d'autres domaines, secteurs d'activité et types d'organisations publiques, à l'image du changement climatique, du sens au travail, ou des collectivités territoriales et des universités. Il est vrai que ces relations tendent à évoluer en cas de crises et de conflits. Or, la période actuelle en est particulièrement riche ! Ces crises, complexes, tendent à se renforcer et s'amplifier mutuellement. Face aux défis posés, des arbitrages, souvent interdépendants, sont à construire. Nous savons que chacun fera des perdants et des gagnants, mais en cas d'immobilisme, tout le monde perd (Fiore et al., 2023). Il s'agit donc de construire un équilibre général collectivement gagnant ou limitant les pertes, tout en tenant compte des enjeux de justice sociale. Au-delà de chaque situation concrète, ce numéro spécial explore le rapport savoir(s)pouvoir(s) à l'aune de la dualité entre la nature et la temporalité des crises. Il met en