Les « illuminations » carcérales figurent l’un des multiples produits non-planifiés de la vie en prison. Engendrées par les semaines, les mois, voire les années d’incarcération qui les précèdent, mais aussi par toute l’existence qui a été vécue en amont, ces variations de la perception, de l’intelligence et du comportement représentent autant d’indices repérables d’un processus buissonnant autrement moins tangible : la socialisation carcérale. L’expression ramasse à l’extrême une réalité étonnement peu renseignée. Comment la vie en prison façonne-t-elle ceux qui l’intériorisent progressivement ? Qu’en intériorisent-ils exactement ? Et comment, en se réfractant dans des individus préalablement porteurs d’un passé incorporé, cette expérience profane concoure-t-elle à rendre religieux autant de ceux qui, jusqu’alors, ne l’étaient pas ? Les vies vécues et les expériences carcérales se télescopent dans ce récit sociologique, celui d’une longue apnée en Maison d’arrêt en quête d’un phénomène rarement observé in vivo : l’illumination religieuse. Accompagnant minutieusement un corpus de prisonniers non-religieux de tous les âges et profils, l’auteur décrit pas à pas les processus affectant les individus et les mécanismes communs amenant certains à « trouver Dieu », et conduisant d’autres à la folie ou au suicide. Contemporaine des attentats de 2015, l'enquête relate aussi l'application intramuros des politiques antiterroristes, leurs coulisses, leurs dégâts aussi.