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Chapitre D'ouvrage Année : 2023

Sortir de la guerre et faire la paix grâce aux intermédiaires étrangers, une diplomatie de la nécessité pour une maison de second rang ?

Alexandre Ruelle

Résumé

La maison de Savoie aspire constamment à transcender son statut de dynastie de second rang pour se hisser au niveau de ses voisins français et Habsbourg. Dans cette logique, la guerre et la diplomatie sont deux mécanismes au cœur de son affirmation et de la construction de ses États. Paradoxalement, la dynastie ne semble pas avoir les moyens de ses ambitions car, en plus d’être victime d’occupations militaires, elle peine à se faire accepter à la table des négociations. En effet, durant la première modernité au cours de laquelle son réseau diplomatique prend forme, elle est souvent exclue de paix bilatérales – franco-espagnoles – quand bien même sa principauté se trouve au cœur des conflits alpins. Tel est le cas au Cateau-Cambrésis, à Vervins, à la suite des guerres de Succession du Montferrat et aux Pyrénées. Puis, lors de la seconde modernité, elle intègre peu à peu les congrès européens à la fin de chaque conflit et dépêche des plénipotentiaires à partir de celui d’Utrecht (1713). Malgré cette ascension politique au sein de la Société des Princes, elle a systématiquement eu recours à des intermédiaires pour défendre ses intérêts et assurer un dialogue pérenne avec le belligérant, qu’il s’agisse d’une puissance alliée – l’Espagne de 1559 à 1601, la France au XVIIe siècle et l’Angleterre en 1713 et en 1814-1815 – ou de diplomates et militaires étrangers intervenant à la suite d’initiatives personnelles à l’exemple du nonce Aldobrandini face à Henri IV (1600) et de Lesdiguières face au gouverneur du Milanais (1616-1617). Avoir des soutiens extérieurs a donc semblé être un fil rouge de la diplomatie savoyarde, en somme une force quasi-institutionnelle à laquelle a pu avoir recours un souverain incapable de négocier en personne. À partir de correspondances – lettres, mémoires et instructions conservés aux AAE et à l’ASTo –, ainsi que de récits et d’estampes relatifs au processus de négociation, je propose de rapprocher des situations diverses dans le temps long, de 1559 à 1815, afin d’identifier les ressorts d’une diplomatie à première vue impossible, de comprendre comment les relations asymétriques s’institutionnalisent au sein de la Société des Princes, donc de cerner la dimension sociale des processus de conflits et de paix. Le profil et la nature des services rendus par ces intermédiaires sont aussi des pistes envisagées.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04252644 , version 1 (20-10-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04252644 , version 1

Citer

Alexandre Ruelle. Sortir de la guerre et faire la paix grâce aux intermédiaires étrangers, une diplomatie de la nécessité pour une maison de second rang ?. Marc Ortolani. Guerre et paix dans les États de Savoie (Approche institutionnelle – XVe-XIXe siècles), 16, Serre, inPress. ⟨hal-04252644⟩
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