La Llagonne (66), Camí Real - Occupations rurales pluriséculaires d’un petit vallon dans les Pyrénées catalanes : rapport de diagnostic - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Rapport (Rapport De Recherche) Année : 2023

La Llagonne (66), Camí Real - Occupations rurales pluriséculaires d’un petit vallon dans les Pyrénées catalanes : rapport de diagnostic

Résumé

Le diagnostic archéologique dénommé «Cami Real-Le Village» fait suite à la construction d’un lotissement. Deuxième opération de ce genre réalisée sur la commune de La Llagonne, cette évaluation archéologique concerne le versant méridional d’un petit vallon tout proche du centre du village actuel de La Llagonne lequel est situé à 1700 m d’altitude. Cette opération a permis de mettre en évidence les grandes unités sédimentaires qui comblent cette portion de vallon de moyenne montagne, de comprendre ces dynamiques puis de les corréler aux structures archéologiques et aux indices d’occupations. Au terme de cette opération, le bilan des découvertes est le suivant : du mobilier résiduel, un paléosol, un remblai, un drain, un chemin ou un ponceau, auxquels s’ajoutent deux tourbières. Ces découvertes se répartissent en quatre phases chronologiques entrecoupées par de longs hiatus. La première séquence chronologique remonte à l’âge du Bronze. Elle se caractérise par deux petites zones humides s’apparentant à des tourbières soligènes. Leur fort degré d’humidité a permis la conservation de très nombreux restes de végétaux attestés sous des formes variées ; racines, branches, écorces, mais aussi des extrémités de pieux ou de piquets. En l’absence de mobilier, les deux tourbières ont été datées par le biais du radiocarbone à partir d’échantillons prélevés à la surface de ces formations. L’une correspond à la transition entre l’extrême fin du Néolithique final et le Bronze ancien 1 (BA1) (2204-2027 av. J.-C.), l’autre au début du Bronze moyen (BM1) (1623-1501 et 1616-1496 av. J.-C.). Hormis des graines (non étudiées), le seul taxon attesté dans les tourbières est le genévrier nain dont le biotope actuel se situe au-dessus de 2000 m d’altitude. Autrement dit, cette plante signalerait des conditions climatiques plus froides et plus humides durant la première partie de l’âge du Bronze du XXIe au XVe av. J.-C. De plus, il apparait que ces arbustes ont été soit arrachés (présence de longue racine), soit brûlés, supposant ainsi le défrichement ou l’entretien de ces pelouses sans doute à des fins agricoles et/ou pastorales ; mise en culture de terrains nouvellement investis, entretien de pâturage déjà existant… On signalera enfin le fort potentiel archéologique de ces deux tourbières car elles peuvent receler d’éventuels objets en matériaux périssables (bois, cuir, fibre végétale, …). Ces deux tourbières sont donc susceptibles de livrer des données inédites aussi bien sur le paléo environnement (pollens, graines, …) que sur le fonctionnement des systèmes agro-pastoraux du premier âge du Bronze, séquence rarement attestée dans ce secteur de moyenne montagne comme d’ailleurs dans tout le Midi de la France. C’est du changement d’ère (50 av. J.-C.-84 ap. J.-C.) que date un aménagement empierré constitué d’un radier surmonté par de puissantes dalles de granit posées horizontalement. Tel qu’il est perçu, cet empierrement a été interprété comme le dallage d’un chemin ou d’un ponceau, probablement destiné à traverser l’une des deux tourbières et/ou à mener au Cami Real, voie toute proche dont la première mention remonterait au Haut Moyen-âge. Un paléosol épais de 30 à 50 cm remonte quant à lui au Haut Moyen-âge (659-774 ap. J.-C.). A la base de ce niveau, a été observées des traces correspondant probablement à des labours qui dans ce cas de figure, pourraient signaler des activités agricoles. Enfin, un drain, installé dans le sens de la pente pour évacuer l’eau des tourbières, un remblai hétérogène éparpillé sur quelques m2 destiné sans doute à enrichir des terres de cultures, ainsi que du mobilier céramique résiduel retrouvé dans la terre végétale, sont à rattacher aux époques moderne et/ou contemporaine (XVe-XXe). Ensemble ces vestiges témoignent en faveur de la mise en culture et de l’entretien de terrains situés tout proches du village de la Llagonne et juste au-delà de la principale voie de passage vers le Capcir, le Cami Real.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04247699 , version 1 (18-10-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04247699 , version 1

Citer

Florent Mazière, Didier Cailhol. La Llagonne (66), Camí Real - Occupations rurales pluriséculaires d’un petit vallon dans les Pyrénées catalanes : rapport de diagnostic. Inrap Midi-MED. 2023, 1 vol. (106 p.). ⟨hal-04247699⟩
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