L'épiphyse distale du fémur est classiquement considérée comme un marqueur de la maturité fœtale et ainsi identifiée dans un contexte bioarchéologique comme un indicateur du fait qu'un individu est décédé autour de la naissance ; elle fournit donc des informations cruciales pour la réalisation du profil biologique et l'étude des pratiques funéraires qui y sont associées. L'objectif de la présente étude était de réévaluer cette utilisation en étudiant un échantillon actuel afin d'évaluer (i) les fréquences en fonction de l'âge des épiphyses fémorales distales et tibiales proximales et (ii) l'influence de facteurs tels que le sexe, la vitalité et la morbidité sur la maturation de ces deux épiphyses. L'étude a été menée sur des tomographies médicales acquises in utero et ex utero entre 2008 et 2017 à l'hôpital de Marseille (France). L'échantillon final comprenait 248 individus âgés de 26 à 42 semaines gestationnelles révolues. D'après les résultats obtenus dans cette étude, 11 % des individus de l'échantillon âgés de 26 à 33 semaines de gestation révolues avaient déjà développé une épiphyse fémorale distale, tandis que les individus âgés de 38 à 42 semaines de gestation avaient déjà développé des épiphyses fémorales et tibiales. D'après ces observations et la pratique obstétricale actuelle, cet indicateur de maturation ne peut donc pas être considéré comme un estimateur précis du fait qu'un fœtus soit à terme ou non dans un contexte archéologique. De même, aucun retard d'ossification n'a été retrouvé chez les individus n'ayant pas survécu jusqu'à 42 semaines de gestation, ni chez ceux présentant des anomalies sévères du développement, ce qui ne permet pas de soutenir l'hypothèse qu'un retard de maturation de l'épiphyse du fémur distal puisse être un marqueur de morbidité pour cette tranche d'âge dans les populations du passé.