La notion d’ambiance entretient un double lien avec le champ de la conception architecturale. D’une part, le champ des ambiances, par l’analyse des usages et pratiques de l’espace construit permet de caractériser certains dispositifs architecturaux en termes d’expérience sensible in situ. Ce champ de recherche met à jour certaines configurations ou certains formants * sensibles 22 prégnants dans le vécu ordinaire de notre environnement. Selon cette orientation, le champ des ambiances devrait aider à concevoir et préfigurer la qualité d’usage des futurs édifices. Le mouvement va de l’in situ à la table à dessin. La conception architecturale est alors entendue comme le projet d’une expérience sensible à concevoir qui s’appuie sur l’étude et la référence à des situations exemplaires. D’autre part, l’élaboration du projet n’est pas dissociable et indépendante de l’expérience de l’architecte lui-même, selon au moins deux acceptions du terme : l’expérience professionnelle, savoir singulier acquis au fil de l’élaboration des projets successifs (récurrence des situations de conception), mais également l’expérience ordinaire du monde telle qu’elle est vécue et mémorisée quotidiennement. Cette double expérience ou mémoire de l’architecte est mise à l’épreuve “à la table à dessin“. L’élaboration du projet, en tant que registre d’action singulier met en jeu la motricité de l’architecte, elle est mise en mouvement d’un corps sensible. La conception architecturale est alors entendue comme une expérience sensible propre au concevoir, une expérience singulière qui mobilise la corporéité de l’architecte.