C'est d'abord, littéralement, mettre la notion d’ambiance en débats. C'est-à-dire l'introduire, dans les débats contemporains sur l'architecture, l'urbanisme ou le paysage, comme une notion nouvelle – dans le champ spéculatif de la recherche comme dans celui, opérationnel, de la conception, dans le champ savant des publications scientifiques comme dans celui, pragmatique, des manières de réaliser un projet. Apparue depuis une décennie, tendant à se banaliser et à se substituer à d'autres notions plus anciennes comme celles de gêne ou de confort, il est temps d'entamer un travail critique sur son usage, sa singularité et surtout sa capacité plus ou moins grande à déplacer la réflexion d'un côté, à impliquer une transformation des pratiques de projet de l'autre. C'est en un second sens poser la notion d'ambiance comme éminemment discutable. De fait, elle fait l'objet de débats entre spécialistes de disciplines différentes – et le présent ouvrage est un prétexte à consigner les tenants et aboutissants de ceux qui peuvent être tenus à l'intérieur d'une même équipe. Davantage, c'est une façon de dire que, dans sa capacité à tenir en échec tout effort de définition objective, cette notion ne peut être que discutée. Que la représentation d'une discipline n'est pas plus légitime que celle d'une autre et que ce n'est que dans la tension entre différents registres de signification qu'elle peut être éprouvée – sensiblement ou conceptuellement. C'est dire finalement que ce n'est peut-être que dans et par le débat que la notion d'ambiance peut prendre sens. D'un point de vue théorique, cela sous-entend alors la mise en oeuvre impérative de pratiques transversales et interdisciplinaires de la recherche. D'un point de vue pragmatique, cela suppose la banalisation et l'extension de pratiques de conception négociée. Pour formaliser une idée, il faudrait apprendre à tourner autour de sa définition théorique. Pour la réaliser, il faudrait apprendre à tourner autour de l'intention de projet qui la fonde, concrètement débattue et négociée. Autrement la notion reste abstraite. Elle ne peut pas prendre.