Dans le cadre de l’élection présidentielle de 2022, la dernière enquête réalisée en décembre 2021 (3ème vague) par Ipsos-Sopra Steria pour Le Monde, le Cevipof et la Fondation Jean Jaurès (Mestre, 2021) souligne que les 18-29 ans constitue la classe d’âge à la fois la moins intéressée par ce scrutin et la plus encline à ne pas voter : seuls 54% d’entre eux expriment un intérêt pour la prochaine élection présidentielle et uniquement 43% sont certains d’aller voter au premier tour en 2022 (contre 57% dans la même enquête réalisée en décembre 2016). Par ailleurs, dans la même enquête, 55% des 18-29 ans indiquent que les médias ne parlent pas assez des enjeux inhérents à l’environnement constituant ainsi la classe d’âge la plus en attente d’information sur les problèmes environnementaux. Cet intérêt des 18-29 ans pour les enjeux environnementaux est à mettre en perspective d’une étude qualitative publiée en juin 2021 par l’Institut Les Humains indiquant que, s’ils sont sensibilisés aux questions environnementales, ils restent faiblement impliqués pour agir en faveur de l’environnement considérant qu’un comportement d’achat en faveur de l’environnement constituait pour eux le premier levier d’action environnementale. Face à ce constat d’une jeunesse consciente des enjeux associés à un comportement d’achat éco-responsable, mais peu disposée à traduire ce comportement en une participation citoyenne en faveur de l’environnement, la littérature existante apporte des éléments de réponse parcellaires. En effet, si certaines recherches ont approfondi la compréhension des raisons expliquant le décalage chez les individus entre valeurs écologiques et comportement quotidien (Geller, 1982 ; Scott & Willits, 1994 ; Valdez, 2021), rares sont les recherches visant à comprendre, par une approche comparative, les comportements d’achat en faveur de l’environnement selon différentes classes d’âge (Choi & Johnson, 2019 ; Kanchanapibul et al., 2014). De même, aucune recherche n’a, à notre connaissance, encore exploré, selon une approche comparant plusieurs classes d’âge, l’impact du comportement d’achat éco-responsable des individus sur leur sentiment d’efficacité politique interne et leur participation politique et sociale en faveur de l’environnement. Or, il nous semble important d’estimer si le comportement d’achat éco-responsable, selon la classe d’âge, possède un effet sur l’efficacité politique interne (Acock & Clarke, 1990 ; Niemi, Craig & Mattei, 1991 ; Verba, Schlozman & Brady, 1995) des individus en matière environnementale, c’est-à-dire sur leur capacité à comprendre et à participer politiquement de manière éclairée aux enjeux environnementaux. De la même manière, s’attacher à mesurer précisément l’impact du comportement d’achat éco-responsable des individus sur leur participation politique et sociale en faveur de l’environnement (Holum, 2022 ; Lim & Moon, 2022 ; Schlosberg, Bäckstrand & Pickering, 2019 ; White, 2019) selon leur classe d’âge est essentiel pour dépasser le simple constat d’une population consommatrice de produits respectueux de l’environnement, mais citoyennement passive en matière d’actions collectives en faveur de l’environnement. Afin de combler cette lacune, cette communication vise précisément à étudier, globalement et entre plusieurs classes d’âge, l’influence du comportement d’achat éco-responsable des individus à la fois sur l’efficacité politique et sur leur engagement politique et social en faveur de l’environnement. L’objectif de cette communication est donc double : d’une part, estimer s’il existe une influence significative du comportement d’achat éco-responsable des individus sur leur efficacité politique et leur engagement politique et social en faveur de l’environnement ; d’autre part, observer si l’intensité de cette influence est significativement différente entre quatre différentes classes d’âge (18-29 ans, 30-44 ans, 45-59 ans et 60 ans et plus). Malgré un faible niveau de participation politique et sociale (score moyen de 2.1) et un niveau moyen d’efficacité politique interne perçue (score moyen de 2.9), nos résultats démontrent l’influence significative pour l’ensemble des classes d’âge du comportement d’achat éco-responsable sur la participation politique et sociale ainsi que sur l’efficacité politique interne perçue. Reposant sur des tests t multi-groupes et des tests de permutation effectués sur l’ensemble des classes d’âge dans le cadre de la validation de notre modèle, nos résultats indiquent clairement l’absence de différence significative, quelles que soient les classes d’âge comparées, de l’influence du comportement d’achat éco-responsable sur la participation politique et sociale ainsi que sur l’efficacité politique interne perçue. Notre recherche est structurée comme suit. Dans une première partie, en se fondant sur une revue de la littérature, les notions de comportement d’achat, d’efficacité politique et de participation politique et sociale sont analysées et ressaisies au prime des enjeux environnementaux, puis le modèle théorique et les hypothèses basés sur la théorie du comportement planifié (Ajzen, 1985, 1991 ; Ajzen & Fishbein, 1980) et sur l’adaptation d’une échelle de mesure de la participation politique et sociale (Moreno-Jiménez, Ríos Rodríguez & Martín, 2013) sont exposés. Dans une seconde partie, la démarche méthodologique d’opérationnalisation et d’analyses du test empirique du modèle selon l’approche PLS-PM (Hair et al., 2016, 2021) est exposée. Dans une dernière partie, les résultats de la validation du modèle (basée sur un échantillon de 1816 individus) sont présentés pour être, par la suite, discutés afin d’en préciser les apports théoriques et managériaux ainsi que les limites et les perspectives de recherche.