Directeur·ices des entreprises associatives: des dominant·es dominé·es ? - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2022

Directeur·ices des entreprises associatives: des dominant·es dominé·es ?

Résumé

Cette communication appréhende les évolutions du monde associatif en s’intéressant au rôle de directeur.trices. Structuré en large partie en parallèle de l’État et sous l’égide associative et philanthropique, le secteur analysé s’est constitué dès son origine en tant qu’espace sous-traitant d’un ensemble de fonctions de l’État touchant à la protection sociale. C’est d’ailleurs le secteur qui compte le plus de salarié.e.s dans ses entreprises associatives (Cottin-Marx, 2021). A contre-courant du mythe défendant une « autre » économie ou une « alternative » au capitalisme qui se diffuse dans le monde associatif (Hély et Moulévrier, 2013), les entreprises de ce secteur se distinguent à la fois de l’économie sociale et solidaire (tout en en faisant partie) et plus largement des services publics (tout en recevant la majorité de ses financements – et de ses règlements – de la part d’institutions publiques nationales ou locales). Secteur bureaucratisé et professionnalisé de longue date (Nirello et Prouteau, 2016), le secteur analysé connaît les mêmes évolutions que d’autres pans du monde du travail, du secteur associatif et du service public. Ainsi, l’organisation du travail dans le secteur est structurée par l’introduction d’outils de gestion qui contrôlent, évaluent et régulent directement l’activité de direction (Boussard, 2013). Pour cette communication nous nous intéressons au travail des directeur.trice.s de ce secteur, exerçant dans des entreprises associatives opérant dans la protection de l’enfance, le handicap et la grande exclusion. Nous cherchons à appréhender les évolutions des conditions de travail et d’exercice des fonctions d’encadrement afin de montrer ce que les dispositifs de gestion, en tant qu’outils politiques (Boussard et Maugeri, 2003 ; Chiapello et Gilbert, 2013) participent à la rationalisation ordinaire du travail des directeur.trice.s. Nous montrons notamment que ces outils participent activement aux reconfigurations du monde associatif. Dans une première partie nous présentons à l’aide d’un traitement statistiques les caractéristiques de ces directeur.trices d’établissements. Trois catégories émergent ainsi en fonction de leurs trajectoires professionnelles, de leur formation (initiale et continue), de leur ancienneté dans le secteur, et de leur sexe. Dans une seconde partie, à partir d’entretiens semi-directifs, nous analysons les conditions concrètes d’exercice de ces directeur.trices : comment jugent-ils leur travail ? De quel degré d’autonomie jouissent-ils ? Évoquent-ils le même renforcement des contraintes, le « fardeau administratif » qu’expriment leurs homologues directeur.trice.s de centres sociaux (Cottin-Marx et Paradis, 2020) ? Nous pointons notamment l’éclatement interne des fonctions de direction, qui peut conduire à des formes de confiscations, par le siège, de certaines activités habituellement conçues comme indissociables de la fonction de direction (à l’exemple des activités budgétaires et financières). Finalement tou.te.s les directeur.trice.s n’intègrent pas de la même manière les fonctions d’encadrement et les contraintes institutionnelles. Plusieurs types de rapports au travail de direction se dessinent, entre exécution de tâches, acceptation du rôle et travail d’encadrement réel.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04233337 , version 1 (09-10-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04233337 , version 1

Citer

Ruggero Iori, Jules Simha, François Sarfati. Directeur·ices des entreprises associatives: des dominant·es dominé·es ?. Congrès AFSP 2022, Association française de science politique, Jul 2022, Lille, France. ⟨hal-04233337⟩
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