Les tetraéthers isoprénoïdes hydroxylés sont des lipides membranaires produits par des archées chimiosynthétiques. Malgré l’ubiquité de ces lipides en milieu marin, l’utilisation des tetraéthers isoprénoïdes hydroxylés comme paléothermomètre a été restreinte aux mers polaires. Pourtant, des études récentes ont montré que les tetraéthers isoprénoïdes hydroxylés sont également utilisables dans les mers tempérées et tropicales. En particulier, le RI-OH (tetraéthers isoprénoïdes hydroxylés) a été récemment proposé comme alternative à d’autres paléothermomètres organiques basés sur les alcénones (UK′37) et les tetraéthers isoprénoïdes non hydroxylés (TEX86). Nous présentons un nouvel enregistrement de paléotempérature au cours des 160 000 dernières années en Europe occidentale. Nous avons généré ce nouvel enregistrement à partir du RI-OH dans deux carottes de sédiments adjacentes prélevées dans le Golfe du Lion (Méditerranée occidentale). Nous avons choisi le site d'étude pour quatre raisons. Premièrement, les enregistrements continus et à haute résolution temporelle dérivés des archives naturelles encore sont rares en Europe occidentale. Deuxièmement, notre site d'étude est situé dans un paléoprodelta, ce qui implique des taux d'accumulation d'environ 1 m/ka pendant les périodes glaciaires. Troisièmement, le site d'étude a une colonne d'eau relativement réduite, avec des paléoprofondeurs comprises entre 200 et 300 m selon le volume des glaces. Quatrièmement, le site d’étude dispose de plusieurs enregistrements indépendants de paléotempérature. Ces enregistrements préexistants nous aident à valider le nouvel enregistrement de paléotempérature dérivé du RI-OH. Dans l’ensemble, notre enregistrement dérivé du RI-OH est compatible avec un profil de paléotempérature océanique. Cependant, il est encore difficile d'expliquer quantitativement les différences entre les paléotempératures reconstituées à partir du RI-OH et les paléotempératures précédemment reconstituées à partir de l’UK′37. Malgré cette difficulté, un exercice de comparaison régionale des anomalies de températures océaniques liées aux transitions glaciaires-interglaciaires nous permet de conclure que l'enregistrement de paléotempérature dérivé du RI-OH est réaliste.