La representabilité du Dieu de l’Ancien Testament et l’adoration des images dans les peintures de la nef de Saint‑Savin - Archive ouverte HAL
Chapitre D'ouvrage Année : 2022

La representabilité du Dieu de l’Ancien Testament et l’adoration des images dans les peintures de la nef de Saint‑Savin

Résumé

La voûte de la nef de Saint-Savin accueille le plus vaste cycle vétérotestamentaire de la période romane. Un projet de recherche interdisciplinaire a été engagé à l’occasion de la restauration des peintures de la nef entre 2005 et 2008. Il implique des historiens de l’art et des historiens du Centre d’études supérieures de civilisation médiévale de Poitiers (CESCM), les restaurateurs et plusieurs chercheurs du Laboratoire de recherche des monuments historiques (LRMH). Une approche holistique nous a poussés à aborder les questions relatives au contexte historique et architectural, à la technique, au style et à l’iconographie des peintures ainsi qu’à l’épigraphie1. L’apport le plus significatif émane des relevés archéographiques qui permettent de lire plus facilement les scènes et d’en comprendre les repentirs, les changements de parti plus importants, les ajouts postérieurs ou les restaurations. Les résultats de ces recherches seront présentés dans une monographie collective dont la publication est prévue pour 2022. Dans le cadre de cette contribution, l'A. voudrait évoquer la question de la représentation de Dieu. Dans le contexte de l’Ancien Testament, cette question est particulièrement sensible puisque le Dieu des Hébreux ne s’est pas fait chair et n’a jamais laissé voir son essence. Dans la tradition iconographique, il a pourtant été représenté sous la forme d’une chirophanie, la Dextera Dei surgissant du ciel, ou par la figure du Christ. En général, le Christ apparaît au début du récit et cède la place à la main du Père après l’Expulsion, comme à Saint-Paul-hors-les-Murs et sur les portes d’Hildesheim. À Saint-Savin, on avait également prévu d’adopter cet usage, avant de se raviser et d’attribuer au Christ les faits et les paroles du Dieu de l’Ancien Testament. Ces représentations de Dieu présentent de surcroît trois particularités exceptionnelles. Tout d’abord, le maître d’ouvrage et/ou un peintre a hésité à deux reprises entre la Dextera Dei et la figure du Christ. Pour la commodité du propos, l'A. parle des différents intervenants en les qualifiant de « concepteur » au singulier, même si les choix iconographiques devaient émaner d’un ou plusieurs intellectuels – dans ce cas des moines – et d’un ou plusieurs peintres. La deuxième particularité des représentations divines de Saint-Savin est que ce concepteur a fait preuve d’une originalité sans précédent dans la représentation du Buisson ardent, et la troisième émane de la Remise des Tables de la Loi où l’épigraphie rappelle l’obligation d’adorer Dieu. Ces différents choix iconographiques soulèvent donc deux questions qui étaient particulièrement sensibles au XIe siècle : la représentabilité de Dieu et la vénération des images. Pour mettre en évidence ces spécificités, j’aborderai les cycles dans l’ordre chronologique qui correspond en grande partie à l’ordre d’exécution des peintures.

Dates et versions

hal-04216809 , version 1 (25-09-2023)

Identifiants

Citer

Marcello Angheben. La representabilité du Dieu de l’Ancien Testament et l’adoration des images dans les peintures de la nef de Saint‑Savin. Fabio Sciera. L’esegesi in figura, Publications de l’École française de Rome, pp.299-325, 2022, 978-2-72831-572-7. ⟨10.4000/books.efr.50338⟩. ⟨hal-04216809⟩
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