Dix ans après la table ronde intitulée Autour du scriptorium de Luxeuil (Les Cahiers colombaniens 2011, sous la direction de Jean-Michel Picard), il a paru important de revenir sur la question de l’écriture copiée et transmise dans ce monastère et sur la production manuscrite de son scriptorium. Depuis, les fouilles archéologiques menées à Luxeuil et le triple colloque consacré à saint Colomban et son héritage en 2015, la découverte ou l’étude de nouveaux manuscrits ou encore de nouveaux travaux et programmes de recherche, permettent en effet des approches renouvelées de ces questions. Suite à cette première journée consacrée au scriptorium de Luxeuil, l’objectif affiché de la 11e table ronde sur le monachisme luxovien était d’examiner les liens qui pouvaient unir différents types d’écriture à Luxeuil et plus largement dans le monde mérovingien, écriture livresque mais aussi écriture diplomatique, écriture épigraphique et enluminure. Il sera donc possible dans ces pages de mesurer la place de Luxeuil dans la vie culturelle et intellectuelle de la Gaule mérovingienne, d’aborder l’écriture du point de vue de sa lisibilité comme de son rôle en tant que marqueur d’identités, d’étudier la composition graphique, iconographique et symbolique des manuscrits luxoviens, et d’évaluer enfin ce qui nous est parvenu de la mémoire du fondateur dans la tradition manuscrite. Afin d’apporter un nouvel éclairage à ces différents aspects, sept chercheurs venus de France, d’Italie, de la République d’Irlande et de Grande-Bretagne se sont réunis à Luxeuil le 2 octobre 2021. Ces cahiers publient les communications qui ont été présentées à cette occasion, offrant ainsi au lecteur averti comme à celui désireux d’en apprendre davantage sur cet héritage fondamental – directement issu des premiers siècles d’existence de l’abbaye de Luxeuil – un panorama une fois encore très riche, qui permet de mesurer concrètement l’importance, les parentés et l’influence de la production issue du scriptorium de Luxeuil. Cette 11e table ronde, organisée avec la participation du laboratoire ARTEHIS-UMR 6298 (Dijon), a été également l’occasion de présenter pour la première fois un projet de recherche intitulé Burgundia Scripta Merovingica (BSM), porté au sein de ce laboratoire. Consacré à l’étude de la production écrite en Burgondie mérovingienne, ce projet passe – à l’heure de la publication de ces cahiers – d’une phase préparatoire à une phase active ; une part importante de ses travaux sera consacrée aux textes écrits à Luxeuil.