Au seuil des temples tibétains, le foisonnement visuel assaille le visiteur. Dans l’obscurité qui l’entoure, tout au plus, n’entrapercevra-t-il qu’une fraction des images. Partant du postulat d’une iconographie normative où chaque contenu serait doté d’une valeur symbolique, l’histoire de l’art du Tibet repose pourtant sur la lecture des images. Puisque celles-ci sont strictement codifiées ne sont-elles pas en retour destinées à être déchiffrées ? Schémas, zoom et flash dissipent les ténèbres et domptent la profusion des images permettant l’appréhension de leurs différentes parties comme de leur organisation générale. Cet intérêt pour les contenus lisibles explique le traitement réservé aux images dites « ornementales », plus rétives à l'interprétation iconographique. Bien que très nombreuses, elles sont réduites à la fonction d’embellissements ou « iconographisées » suivant un déchiffrement symbolique érudit. Centrée sur la question de l’ornement, notre présentation s’attachera à nuancer ces approches et tentera de faire une place au foisonnement et à la multiplication des sujets empêchant leur saisie par l’œil et l’esprit, mais centraux dans l’expérience des images tibétaines.