Repenser la place du handicap en contexte d'enseignement : les interfaces naturelles avec les étudiants en situations de handicap comme opportunités pédagogiques ?
Résumé
The higher education system hardly ensures successful studies and employability of students with disabilities (SWD), which constitutes a social and ethical issue. Public policies therefore focus on the difficulties arising from disability. In the French higher education system, individual facilities are therefore implemented for helping SWD. Those facilities are designed in the context of trainings that are dedicated to students deprived of any disability. Scientific literature provides multiple demonstrations of both the positive effects and the limits of this policy.
Whereas these facilities tend to erase the disabilities, we suggest a reverse perspective in this study: we asked whether the natural heterogeneity emerging from the presence of SWD in a class may promote specific interactions and, in the end, improve learning and self-building by all students.
This hypothesis was challenged through a questionnaire submitted to students and teachers of Institut Villebon-Georges Charpak, an institution welcoming a high percentage of SWD and well known for providing a pedagogical model that extends the interactions between students.
Our data suggest that natural interactions triggered by the contact with SWD benefit to both the teachers and the students without disability. This initial observation opens on several research issues dealing with the characterization of these effects. It may also promote the design of new pedagogical activities. Rather than erasing disability, new pedagogical scenarios could indeed make use of the discrepancies resulting from disability. In the end, our observations could be useful for changing one’s regard on the SWD, and improve SWD self-perception.
La difficulté de l’enseignement supérieur à garantir le succès dans les études et l’employabilité des étudiants en situation de handicap (ESH) constitue un problème social et éthique qui focalise les politiques publiques sur les difficultés posées par le handicap. Dans l’enseignement supérieur français, les ESH sont accompagnés par des aménagements individuels pensés dans le contexte d’enseignements élaborés pour des étudiants ne présentant pas de handicap. La littérature scientifique commente largement les impacts positifs et les limites de ces aménagements, qui tendent à gommer l’effet du handicap. Dans cette étude, nous avons au contraire considéré que le handicap a la propriété d’être une source naturelle d’hétérogénéité au sein des cohortes d’étudiants, et qu’elle pourrait dès lors être susceptible de créer des interactions fructueuses pour les apprentissages et l’édification personnelle des étudiants. Nous avons testé cette hypothèse au travers d’un questionnaire soumis aux étudiants et enseignants de l’Institut Villebon-Georges Charpak, un établissement accueillant constamment un pourcentage élevé d’ESH et proposant une pédagogie qui démultiplie les interactions entre étudiants. Nos résultats suggèrent que les interactions naissant spécifiquement au contact des étudiants ESH produit naturellement un bénéfice collectif rejaillissant sur les enseignants et les étudiants ne présentant pas de handicap. Cette observation initiale ouvre de nombreuses pistes de recherche, portant d’une part sur la caractérisation des ces effets, et d’autre part sur l’invention de pratiques pédagogiques dans lesquelles le handicap n’est pas gommé mais, au contraire, considéré comme un point saillant d’un scenario pédagogique. Elle pourrait également être mis à profit pour changer le regard porté sur les étudiants handicapés, et par les étudiants en situation de handicap sur eux-mêmes.
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