L'imaginaire de la vache corse, entre marqueurs identitaires et mythologies méditerranéennes - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2024

L'imaginaire de la vache corse, entre marqueurs identitaires et mythologies méditerranéennes

Résumé

La vache corse est victime d’une image négative car elle est associée d’une part aux escroqueries récurrentes concernant les aides bovines de la Politique Agricole Commune, et, d’autre part, à la divagation animale, qui elle, alimente les discussions depuis l’Antiquité, dans la mesure où Sénèque, exilé en Corse, s’en plaignait déjà. Car la vache corse, dont la race a été reconnue en 2013, est d’une autonomie déconcertante. Rustique et résiliante, elle aurait des origines mésopotamiennes et aurait été introduite en Corse dès le Néolithique ancien. Bien que sélectionnée au cours du temps par l’homme, elle serait une héritière génétique proche de l’auroch (Européen, Nord-Africain et indien), comptant de nombreuses similitudes avec la Brune de l’Atlas. Sélectionnée pour son adaptabilité au territoire insulaire, elle vêle, se nourrit et transhume depuis toujours en montagne sans l’aide de l’homme. Les veaux qui naissent en montagne redescendent avec leur mère. L’année suivante, les veaux repartent avec le troupeau pour une nouvelle transhumance et lorsqu’ils redescendent, en septembre-octobre, ils sont devenus des manzi (des taurillons) et connaissent désormais l’ensemble de leur territoire. Comment un tel animal, à la fois proche de l’homme et indépendant, a-t-il grandi dans les mémoires et les imaginaires au fil du temps ? Plusieurs orientations s’offrent aux chercheurs. La mythologie archaïque de la Méditerranée peut servir de fils d’Ariane bien sûr, avec ses relations culturelles et commerciales essentielles à la compréhension de ce monde, nées dans un bassin géographique et géologique singulier, cette Méditerranée-berceau de civilisations majeures ayant enfanté tant de croyances populaires, de rituels et de religions à la fois connexes et rivaux. D’une cosmologie fondée sur le culte des morts, des dieux puis du Dieu unique, l’Histoire a raboté les mémoires, laissant croire à la substitution d’une cosmologie par la suivante, sur une frise chronologique dont elle a le secret. L’anthropologie nous dit le contraire : le culte des morts a traversé le temps et s’est accommodé de toutes les divinités majeures et subalternes œuvrant à l’interface des milieux visibles et invisibles. Si les récits mythiques nous disent que l’animal a toujours été le véhicule idoine pour passer d’un milieu à l’autre, les bovins y occupent une place majeure, déclinant entre veau, vache, bœuf et taureau, toute un symbolique accompagnant les rituels les plus divers. La Corse, cette île-montagne plongée dans la mer-mère, a vu percoler dans des récits ces croyances et rituels concernant les bovidés, des plages de l’échange marchand et guerrier aux montagnes sacrées accueillant les premiers cultes, en passant par les chemins de transhumance pratiqués par les hommes, les troupeaux et les âmes. Cette communication a pour objectif d’en faire un inventaire certes incomplet, corné, mais assez renseigné pour affirmer la puissante symbolique de l’animal en Corse, dans une singularité renvoyant à un universel, dont l’ensemble des communications du Congrès feront écho.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04206203 , version 1 (13-09-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04206203 , version 1

Citer

Elia Vallecalle, Don-Mathieu Santini. L'imaginaire de la vache corse, entre marqueurs identitaires et mythologies méditerranéennes. 45ème congrès de la Société Française de Mythologie, Société Française de Mythologie, Aug 2023, Langon, France. ⟨hal-04206203⟩
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