Ce texte propose de penser l’enseignement des pratiques spatiales des Voyageurs en géographie comme objet de tensions dans la classe. Le terme Voyageur est privilégié ici à l’emploi de « Gens du Voyage », qui est une catégorisation administrative en France (Cossée, 2016). Les Voyageurs, sont l’objet de discriminations et d’assignation à des espaces de relégation. La recherche présentée se situe dans le département de l’Essonne, contexte local où la présence des Voyageurs est source de débats. De là, le sujet s’invite en classe alors qu’il ne s’agit pas d’un objet enseigné, les savoirs des élèves sont multiples et peuvent, dès lors être qualifiés d’hybrides : savoirs d’expériences, informations relayées par les médias et les réseaux sociaux… C’est ce qui fait de ce sujet un objet d’éducation qui interroge les pratiques des enseignant.e.s de lettres-histoire-géographie dans le cadre de cette recherche (Barthes & al., 2019; Bedouret & al., 2018; Dussaux, 2011; Vergnolle Mainar, 2020). Comment traiter le sujet en classe alors qu'il est absent du curriculum ? Comment amener les élèves à passer d’un savoir d’expérience, de représentations influencées par des sources externes et un savoir géographique stabilisé (Avry, 2012; Leininger-Frézal, 2019; Rateau & Moliner, 2009) ? Ces questions seront investiguées par le prisme d’une analyse du curriculum de géographie et d’une enquête par questionnaire auprès de quatre classes de baccalauréat professionnel de deux lycées professionnels en lien avec les situations expérimentées.