Coupvray « Le Chemin de Lesches » (Seine-et-Marne). Un atelier de façonnage de haches en silex : approche technologique et typologique. Mémoire de DEA sous la direction de Marion Lichardus. Université de Paris 1, UFR d'Histoire de l'art et d'archéologie. 135 p., 79 fig - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Pré-Publication, Document De Travail Année : 1996

Coupvray « Le Chemin de Lesches » (Seine-et-Marne). Un atelier de façonnage de haches en silex : approche technologique et typologique. Mémoire de DEA sous la direction de Marion Lichardus. Université de Paris 1, UFR d'Histoire de l'art et d'archéologie. 135 p., 79 fig

Résumé

À l’occasion de l’implantation d’un parc municipal des sports, une fouille de sauvetage urgent réalisée d’août à septembre 1994 à Coupvray en Seine-et-Marne a permis de mettre en évidence d’importants vestiges néolithiques et gallo-romains. Sur la zone néolithique, la fouille n’a révélé aucune structure. Seul un atelier lithique d’une grande surface (200 m2) représentant 93,9 kg de matériel lithique fut fouillé pour partie manuellement. Quelques tessons de céramique attribuée au S.O.M. ont été trouvés au sein de cette structure. Des contraintes matérielles ont empêché de reconnaître l’extension réelle de l’amas. L’analyse de la matière première révèle que le silex tertiaire a été utilisé en grande majorité pour le façonnage des outils. Quelques pièces en silex secondaire ont été apportées sous la forme de produits finis à Coupvray. Coupvray est au cœur d’un complexe minier révélé à l’occasion de la fouille de la minière de Jablines. En effet, celle-ci n’est pas isolée, un certain nombre d’autres ont pu être repérés au cours de prospections, révélant en particulier celle des « Chauds Soleils » à Coupvray dont la découverte remonte au XIXe siècle. Le contexte géologique explique cette implantation. Des affleurements de calcaire de Saint-Ouen contenant de riches bancs de silex tertiaire se caractérisant par une stratification située sur une même courbe de niveau et relativement accessible et exploitable ont fait l’objet d’une intense activité du Néolithique moyen II au Néolithique récent dans la vallée de la Marne et de son affluent le Grand-Morin. Les vestiges des périodes de la fin du Néolithique ne sont pas rares dans cette région, mais les informations restent en définitive sommaires. Le plus souvent la vocation du site n’est pas reconnue. Les données les plus nombreuses concernent les sépultures collectives trouvées la plupart du temps au XIXe siècle, sauf celle de Vignely en 1994. L’étude du matériel lithique de Coupvray montre une production liée à la fabrication de haches. L’ensemble de la chaîne opératoire est identifié sur l’ensemble du site, tous les déchets issus de ce travail, du bloc brut à l’éclat de finition du tranchant ont pu être décrits. Les étapes de façonnage s’apparentent à celles identifiées à Jablines pour lesquels deux modules de haches, un grand et un petit, ont été mis en évidence. Les grandes haches sont absentes à Coupvray, la production semble s’être tournée principalement sur la production de haches de petit module. Quelques haches polies également de dimensions modestes se caractérisent par l’absence de méplats latéraux, quelques-unes obtenues dans du silex secondaire. Parallèlement, la production d’éclats est quantitativement moins importante. On a pu observer une simplicité de la mise en œuvre de la chaîne opératoire ne montrant aucune prédétermination des produits et sans réel souci d’entretien du plan de frappe des nucléus allant jusqu’à leur état d’exhaustion et axant la production sur la quantité plutôt que la qualité. La production laminaire est très peu abondante. Les nucléus à lamelles présentent un caractère organisé, avec prédétermination des supports, dont la production elle-même est absente de l’amas. On note une utilisation opportuniste des supports pour le façonnage d’outils, piochant aussi bien dans les déchets de taille de haches ou dans la production d’éclats. La panoplie d’outils sur éclats dont les racloirs, éclats retouchés, grattoirs et denticulés forment les plus nombreux. L’outillage sur lames est rare. Enfin, une production quantitativement assez importante, représentée par des pièces bifaciales à tranchant actif, se caractérise par un débitage bifacial unilatéral laissant apparaître une arête sinueuse s’opposant à un bord cortical ou laissé brut. L’analyse de la répartition spatiale de l’amas ne laisse apparaître aucune zone technique spécifique. On observe une concentration de trois mètres carrés positionnée à une extrémité de l’amas et dont la nappe de déchets s’est diffusée dans une seule direction à partir de cette extrémité. Les comparaisons avec des sites d’habitats semblent indiquer que Coupvray présente un outillage spécifique s’opposant à celui de la vie domestique pour lequel l’amas a joué le rôle d’aire de façonnage et non de rejet. La ressemblance de la production avec celle de la minière de Jablines lui confère un rôle technique. En particulier, la présence de haches de petits modules à Coupvray, retrouvées principalement au fond des puits ou dans les galeries à Jablines montre d’une part une pérennité dans la technique du façonnage des haches du Néolithique moyen II au Néolithique récent, et d’autre part, la présence de ces petites haches à Coupvray dont la spécificité semble en faire des pièces techniques liées à l’extraction du silex montre que celles-ci pouvaient être fabriquées en dehors des minières. Une rupture technique s’opère entre les lieux d’extraction et les villages. L’organisation liée à l’exploitation d’une minière et les moyens mis en œuvre pour une production « spécialisée » requérant des installations ponctuelles et jouant le rôle de relais entre les minières et les villages pourraient être bien être la vocation des tailleurs du Néolithique récent de Coupvray. La compréhension de ces lieux de taille pourrait s’avérer intéressante surtout par la mise en évidence de l’existence d’ateliers, et surtout pour la compréhension de l’organisation socio-économique au Néolithique récent. La recherche ne se bornerait pas aux ateliers, elle s’étendrait aussi aux habitats et aux sépultures, dont on constate pour ces dernières une forte densité dans le complexe minier. Cette convergence de faits est-elle liée d’une façon ou d’une autre à l’activité technique et peut-elle se différencier d’autres régions pour lesquelles les zones techniques sont absentes ?
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Citer

Véronique Brunet. Coupvray « Le Chemin de Lesches » (Seine-et-Marne). Un atelier de façonnage de haches en silex : approche technologique et typologique. Mémoire de DEA sous la direction de Marion Lichardus. Université de Paris 1, UFR d'Histoire de l'art et d'archéologie. 135 p., 79 fig. 1996. ⟨hal-04205487⟩
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