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Communication Dans Un Congrès Année : 2022

Le corps du chercheur, passerelle pour l’accès aux données ? Enquêter sur les discriminations à l’embauche selon l’apparence physique dans la vente d’articles de sport

Résumé

Toute ma vie, j’ai été en lien, de près ou de loin, volontairement ou non, avec des corps sportifs dans le sens où j’ai presque toujours évolué dans des domaines où « la morale corporelle particulière » (Papin, 2008, 3) étaient au premier plan. En tant qu’ancienne gymnaste de haut niveau, « la modélisation [de mon] corps » (Papin, 2008, 1), en vue d’atteindre mes objectifs sportifs, m’a très vite confrontée à un rapport instrumental à ce dernier car il était la clé pour pouvoir exercer et exceller dans cette activité sportive (Détrez, 2002) devenue rapidement ma « passion ». Après vingt ans de pratique de la gymnastique, mon corps est devenu mon « principal outil professionnel » (Wacquant, 2015, 33), le jour où j’ai été recrutée au Cirque du Soleil. De ces expériences, la prise en compte du corps comme élément sélectif dans certains contextes d’évaluation me semblait tout à fait naturelle. Ceci était moins le cas dans d’autres secteurs d’activités notamment celui de la vente de biens et de services sportifs, secteur dans lequel les recrutements se font sur la base d’un critère incontournable : être sportif pratiquant. J’y étais devenue salariée grâce à mes compétences sportives, lesquelles n’avaient finalement que peu de lien avec les tâches qui m’étaient assignées ou les rayons auxquels j’étais affectée. Les travaux d’Oumaya Hidri Neys (2014) montrent que l’évaluation problématique des compétences sportives lors d’un entretien de recrutement, méthode de sélection majoritairement utilisée , amène les recruteurs à plutôt évaluer le capital corporel des candidats. Cette pratique est néanmoins indirectement discriminatoire si elle amène le recruteur à écarter une personne d’une procédure de recrutement sur la base de son apparence physique non sportive. Au vu de l’importance de ce critère et de mon passé sportif, je renvoyais sans doute la bonne « information sociale » (Goffman, 1975, 59) et disposais des caractères physiques, attributs et attitudes corporels (Duflos-Priot, 1981) faisant de moi quelqu’un de directement « recrutable » (Lazuech, 2000, 7). Ces différents constats ont donc orienté mes travaux de recherche vers l’explication de la persistance des discriminations à l’embauche selon l’apparence physique. Cette communication propose donc de montrer en quoi les expériences qui induisent la prise en compte du corps (sportives, professionnelles) peuvent orienter le chercheur dans le choix de son objet de recherche mais aussi, en quoi la construction corporelle antérieure se révèle être un véritable atout quand il s’agit d’accéder au terrain et recueillir des données.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04197405 , version 1 (06-09-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04197405 , version 1

Citer

Julie Duflos. Le corps du chercheur, passerelle pour l’accès aux données ? Enquêter sur les discriminations à l’embauche selon l’apparence physique dans la vente d’articles de sport. Journée jeunes chercheurs, Le corps et l’épreuve de la thèse, Université de Franche-Comté, Oct 2022, Besançon, France. ⟨hal-04197405⟩
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