J’aimerais partir du constat d’un certain renouveau de la littérature numérique qui en serait, selon Leonardo Florès, à sa troisième génération (2018) : une génération à l’audience populaire, qui a la particularité d’opérer sur des plateformes non spécifiquement dédiées à la littérature et dont le détournement des supports, le remix, serait le mode d’action privilégier. Cette démocratisation change radicalement la donne en termes de qui produit et qui lit la littérature numérique, de même qu’elle en bouleverse radicalement la nature. Contrairement à ce qui se produisait pour les deux premières générations, la production, la lecture et les processus de légitimation de la littérature numérique ne passent plus par les institutions universitaires, mais résultent de pratiques amateurs. La révolution que propose la troisième génération est ainsi d’être une littérature numérique faite par des quidam pour des quidam. Désormais, les pratiques populaires qui conjuguent littérature et numérique ne se résument plus seulement à la lecture d’ebook, mais intègrent les fanfictions –que les études sur la littérature électronique ont souvent mis de côté, mais aussi les récit transmédias que favorise aujourd’hui l’ensemble des réseaux sociaux. Il s’agira pour nous de faire l’hypothèse d’un tournant paralittéraire de la littérature numérique et de nous interroger sur les enjeux de cette démocratisation dans le cadre de laquelle, par ailleurs, ce qui fait littérature électronique pour nous, universitaires, ne porte pas son nom pour leurs auteurs et leurs lecteurs. Et pour appuyer cette hypothèse je m’appuierai sur des corpus de texte électronique littéraire issus de Facebook comme de Wattpad.