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Communication Dans Un Congrès Année : 2022

Les desktop Movies ou l’écran connecté comme espace cinématographique

Résumé

Les écrans reliés ne sont pas seulement des dispositifs optiques ou des interfaces pour la mise en place d’une narration, ils sont également des dispositifs de mise en relation (sociale et politique, mais aussi logique et psychique), avec soi, avec autrui, avec le monde. Comme l’écrivent, Carbone, Dalmasso et Bodini : « Le constat que les écrans nous entourent –qu’ils constituent désormais notre milieu et même notre éco-système- ne fait pas de nous simplement des sujets appelés à se rapporter à ces dispositifs, mais, tout en transformant les modes par lesquels nous nous rapportons à notre milieu, cette nouvelle condition vient modifier notre manière d’être et de nous concevoir. » (Carbone, Dalmasso, Bodini 2016, p.8) Et ce sont ces nouveaux modes d’existence que mettent en scène les desktop movies. Prenant acte d’appartenir à ce « multi-screen world » (Château, Moure 2016), le cinéma cherche naturellement à s’emparer de ce qui lui demeure ontologiquement hors-champ : Internet, dont les écrans de nos ordinateurs et smartphones sont les interfaces privilégiées. Les desktop movies semblent être une des stratégies les plus radicales pour opérer cette tentative d’appropriation, puisque dans ce type de film, l’écran de cinéma absorbe littéralement l’écran d’ordinateur au point que leurs bords et leurs espaces se confondent. Dans le desktop movie l’intrigue se déroule à travers de longues navigations filmées. L’écran d’ordinateur redouble ainsi celui de cinéma, lui fait écran en même temps qu’il l’ouvre de manière inédite sur l’espace du Web. Nous effectuerons l’analyse croisée de deux desktop movies : Searching (2018) d’Aneesh Chaganty et Unfriended (2015) de Levan Gabriadze , deux huis clos écraniques dans le cadre desquels la banalité de l’écran relié fonde le suspens, la navigation construit la narrativité, l’écran délimite l’espace diégétique. La mise en abyme qui préside à l’œuvre, impose de considérer l’écran relié comme un espace : terrain d’enquête et lieu de vie (Chabert 2012), celui où se développent nos liens interpersonnels –les plus dramatiques soient-ils, en même temps que nos récits et nos fictions. Comme le déclare Sobchack : les écrans « nous saisissent de manière plus complète que nous ne les saisissons. » (2013, p30), « nous vivons aujourd’hui d’abord dans et à travers les écrans, plutôt que sur ou avec eux », notre condition d’existence serait alors l’« écranité » (screenness) (Ibid). La mise en abyme propre aux desktop movies apparaît alors comme l’ostentation de cette condition contemporaine d’écranité, un symptôme ou un symbole de cette hégémonie de l’écranique.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04191722 , version 1 (30-08-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04191722 , version 1

Citer

Anaïs Guilet. Les desktop Movies ou l’écran connecté comme espace cinématographique. IMPEC 2022, Interactions multimodales par écran: L'espace au prisme des écrans, IMPEC, Jul 2022, Lyon, France. ⟨hal-04191722⟩

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