La fouille réalisée au 84 rue Adrien Cavy s’est tenue du 16 mars au 15 avril 2021 à Bellerive-sur-Allier sur une surface de 800 m². Elle a été réalisée dans le cadre de l’aménagement de la ZAC Monzière et fait suite au diagnostic mené en 2020 (Picq 2020) ayant permis de découvrir un chemin matérialisé par ses fossés bordiers, une occupation domestique de l’époque flavienne ainsi qu’un espace funéraire antique. Le principal intérêt de cette fouille est d’avoir complété la documentation concernant l’ensemble funéraire antique malgré son caractère ténu. Le tracé, les aménagements et la datation du chemin ont également pu être précisés. L’ensemble funéraire est composé d’un enclos quadrangulaire de 99 m², en fonction entre la période flavienne et le début du IIe s. Il est composé de fossés ininterrompus, dont le comblement suggère la présence d’aménagements qu’il est difficile de définir (palissade ?). Il contient également des couches éparses de résidus organiques qui se distinguent de ce qui est généralement observé dans l’Allier par l’absence d’ossements, de fragments de bûches, de mobilier métallique et de carporestes liés aux pratiques funéraires et mémorielles. La céramique est présente en très faible quantité et sans mise en scène particulière. Par ailleurs, ces résidus cendreux n’ont pas fait l’objet d’un dépôt intentionnel, mais ont été déplacés par le biais de phénomènes de colluvionnements. La question de l’origine de ces résidus reste ouverte. La crémation sur bûcher semble devoir être écartée, peut-être s’agit-il de sacrifices particuliers pratiqués dans le cadre des rites de la mémoire, comme les parentatio (Scheid 2005). Aucune structure contemporaine de l’utilisation de l’enclos n’ayant été décelée au centre de cet enclos, il faut peut-être y voir une aire réservée, servant d’espace cérémoniel. En revanche, deux structures liées à la crémation ont été identifiées lors de la fouille. Il s’agit d’un probable bûcher en fosse installée dans l’emprise de l’enclos après son comblement puisqu’il est daté du milieu du IIe s. ap. J.-C. et d’un dépôt de résidus de crémation au sein d’une fosse datée entre la fin de l’âge du Fer et le début du Haut Empire. Les paramètres de la crémation correspondent à ce qui est classiquement observé dans l’Allier (Pasquier 2016 ; Rouzic, Viau, Bandiera à paraître). On note l’usage du chêne comme combustible, la présence de dépôts alimentaires carnés et d’origine végétale, des crémations poussées concernant au même titre le défunt, la faune et le mobilier. Il en est de même en ce qui concerne les gestes post-crématoires, caractérisés par le prélèvement aléatoire sur le bûcher d’une faible quantité d’ossements mêlés aux résidus cendreux. L’attention au moment du dépôt est davantage portée sur les vestiges volumineux que sur les restes du défunt. Le monumentalisme marqué par la création de cet enclos, ainsi que l’importance du vin, rappellent les espaces funéraires "aristocratiques" connus dans l’Allier durant le Haut Empire (Pasquier 2016 ; Rouzic, Viau, Bandiera à paraître). Il pourrait se rattacher à l’habitat rural contemporain identifié non loin de là au Domaine de la Cour, celui-ci étant associé à une activité de transformation des produits de l’agriculture (Gérardin 2011 : 79-80). Cependant, ce statut semble ici moins important étant donné les dimensions modestes de l’enclos et l’absence de mobilier particulièrement riche. On notera toutefois la présence dans la fosse à résidus de crémation, d’un objet en tôle d’alliage cuivreux et d’anneaux en os, inhabituels pour la région. La présence de cet ensemble funéraire renforce l’hypothèse d’un tracé de la voie antique menant de Clermont-Ferrand à Lyon reprenant approximativement le tracé de l’actuelle rue Adrien Cavy. Par ailleurs, étant donné la faible densité observée dans l’emprise de la fouille, la question de l’extension de cet espace funéraire le long de cette voie mérite d’être soulevée.