Suspended Funerals
Des funérailles suspendues
Résumé
Le séisme et le tsunami qui ravagèrent le 11 mars 2011 la région de Tohoku, située à 400km au nord
de Tokyo, causèrent la mort et la disparition de plus de 22 000 personnes. La prise en charge de ces
victimes se traduisit – après une étape systématique d’enregistrement administratif – dans certains
cas par des ensevelissements temporaires avant exhumations et funérailles (préfecture de Miyagi),
et dans d’autres par la crémation préalable des dépouilles (préfecture de Iwate) et remise des
cendres aux familles pour une performation ultérieure des rituels religieux. L’enquête de terrain
récemment réalisée a révélé que ces traitements mortuaires ont eu un effet durable sur les pratiques
funéraires dans la mesure où ils ont contribué à créer des mauvais morts (muen-botoke, des défunts
sans liens) et des esprits errants selon les représentations bouddhistes et shintoïstes locales, au point
de suspendre de façon durable les funérailles voire de les rendre symboliquement impossible.