Après les trois siècles paléochrétiens (IVe-VIe siècles) marqués par l’élaboration progressive d’un langage architectural propre devant assimiler de nombreux apports divers, l’Arménie (et avec elle l’Ibérie – centre et est de la future Géorgie) connut, au VIIe siècle, en particulier de 630 à 690, une période de grand épanouissement architectural. La conjonction de plusieurs facteurs permit ce développement, qualifié d’« Âge d’or » de l’architecture arménienne : a) la nécessité, à la fin de l’Antiquité tardive, d’élaborer une architecture nouvelle au service de la foi chrétienne ; b) la capacité d’intégrer certains modèles empruntés à Byzance ; c) la « révolution de la coupole » survenue à la fin du VIe siècle, liée à la christologie propre à l’Église arménienne. Le tout fut favorisé par la relative « légèreté » de la tutelle alternée, byzantine et arabe, avant l’alourdissement de la domination califale à la fin du VIIe siècle. Durant ces six décennies, une soixantaine de constructions de grande qualité conceptuelle, technique et esthétique fut réalisée, dont quinze sont assurément datées. Le règne sans partage de la coupole, cette structure centralisatrice chargée de sens symbolique, s’imposa sur une grande diversité de plans – cruciformes, centrés, rayonnants et longitudinaux. Grâce au vaste répertoire de compositions, formes et motifs alors créés, l’architecture cultuelle de l’Arménie (ainsi que celle de l’Ibérie) acquit les principaux traits de sa forte identité.