Transhumanism and Virtue Ethics
Transhumanisme et éthique des vertus
Résumé
According to the Aristotelian foundations of virtue ethics, the purpose of moral life is happiness, conceived as a good accessible to almost everyone, which can be acquired through learning, habit, or exercise. It is the activity of the virtuous soul and corresponds to the agent’s fulfillment as a rational human being. Whereas moral virtues are the result of habit, intellectual virtues primarily develop through experience and education. In both cases, however, moral and intellectual virtues require time, the implementation of learning techniques, and exercises, and it is in this sense that the "fabric of character" - to borrow the title of a book by Nancy Sherman - is the voluntary and deliberate endeavor of a lifetime.
Can emerging neurotechnologies aimed at "enhancing" humans be legitimately used for this "fabric of character," particularly concerning better emotional control and increasing human capacities in terms of moral reasoning and practical wisdom (good deliberation, understanding, compassionate common sense), thus providing assistance in moral decision-making for action? Can they enable humans - all humans - to achieve fulfillment more quickly, surely, and enduringly, thus significantly contributing to happiness? Can they contribute more broadly to what might be considered moral progress? The aim of this study will be to attempt to answer these questions, measure the relevance, consequences, and limitations of the use of neurotechnologies within the context of contemporary virtue ethics.
Selon les fondements aristotéliciens de l’éthique des vertus, la finalité de la vie morale est le bonheur conçu comme un bien accessible à presque tous, que l’on peut acquérir par l’apprentissage, l’habitude ou l’exercice. Il est activité de l’âme vertueuse et correspond à l’accomplissement de l’agent en tant qu’être humain rationnel. Alors que les vertus morales sont le fruit de l’habitude, les vertus intellectuelles se développent essentiellement grâce à l’expérience et à l’enseignement. Dans les deux cas, cependant, vertus morales et vertus intellectuelles nécessitent du temps, la mise en œuvre de techniques d’apprentissage et d’exercices et c’est en ce sens que la « fabrique du caractère » ‒ pour reprendre le titre d’un ouvrage de Nancy Sherman ‒, est l’entreprise volontaire et délibérée de toute une vie.
Les neurotechnologies émergentes visant à « améliorer » l’humain peuvent-elles être légitimement utilisées en vue de cette « fabrique du caractère » notamment en ce qui concerne une meilleure maîtrise des émotions et une augmentation des capacités humaines en termes de raisonnement moral et de sagesse pratique (bonne délibération, compréhension, bon sens indulgent), fournissant ainsi une assistance à la prise de décision en vue de l’action morale ? Peuvent-elles permettre à l’humain – à tous les humains – de s’accomplir plus rapidement, plus sûrement et plus durablement, contribuant ainsi de manière significative au bonheur ? Peuvent-elles contribuer, plus largement, à ce qui pourrait être de l’ordre d’un progrès moral ? Le but de cette étude sera de tenter de répondre à ces questions, de mesurer la pertinence, les conséquences et les limites de ce recours aux neurotechnologies dans le cadre de l’approche en éthique des vertus contemporaine.