La matière de Jérusalem : les raisons d’une omission ou l’exégèse de la rose. - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2017

"La matière de Jérusalem" : the reasons for an omission or the exegesis of the rose.

La matière de Jérusalem : les raisons d’une omission ou l’exégèse de la rose.

Résumé

Why did Jean Bodel neglect to mention this primary source of inspiration for medieval literature in his famous tripartition of novelistic "material" (les trois matières)? We would like to show that this omission is significant insofar as we are dealing with "material" of a particular texture that will only gradually be shaped into literary material: the material of Jerusalem comes to us from elsewhere; it is not only at the origin of a religious vision of the universe, but also the source of an original relationship to the book, to the text and to the world; it is at the origin of an infinite network of correspondences. But it has also generated the need for exegesis and invented the exploration of the meanings behind the letter. Finally, it is the antithesis of fable, claims to be true, and assumes a historical dimension; isn't holy history history par excellence?
Pourquoi Jean Bodel a-t-il négligé d’évoquer, dans sa célèbre tripartition des matières romanesques, cette source d’inspiration première de la littérature médiévale ? Nous voudrions montrer que cette omission est chargée de sens dans la mesure où nous avons affaire à un matériau d’une texture particulière et qui ne sera que progressivement façonné en matière littéraire : la matière de Jérusalem nous vient de l’ailleurs ; elle n’est pas seulement à l’origine d’une vision religieuse de l’univers, mais aussi la source d’un rapport original au livre, au texte et au monde ; elle est à l’origine d’un réseau de correspondances à l’infini. Mais elle a généré également la nécessité d’une exégèse et inventé l’exploration des sens derrière la lettre. Enfin, elle se situe aux antipodes de la fable, revendique sa vérité, assume une dimension historique ; l’histoire sainte n’est-elle pas l’Histoire par excellence ? C’est grâce à son essence fondamentalement métaphorique et parabolique, malléable à l’envi, que la matière de Jérusalem se prête à toutes sortes de syncrétismes, « pactes » et conjointures, en se mariant en particulier avec la matière de Bretagne, de France et de Rome, sans pour autant perdre sa griffe indélébile. Parce que la matière de Jérusalem permet à une rhétorique de l’allusion de se développer et de générer de multiples prismes de sens ; parce qu’elle fournit à l’invention poétique une armature invisible fondée sur l’implicite; parce qu’elle emprunte à sa dimension sacrée une dynamique lyrique et à son contenu une topique intemporelle et exploitable à l’infini, pour toutes ces raison elle est glaise originelle, antérieure à la notion de matière, toute prête à recevoir du Poète le souffle de vie, mais dans la forme et la couleur qu’il aura lui aura choisies.
Fichier principal
Vignette du fichier
Matière de Jérusalem.pdf (252.04 Ko) Télécharger le fichier
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-04166916 , version 1 (20-07-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04166916 , version 1

Citer

Karin Ueltschi. La matière de Jérusalem : les raisons d’une omission ou l’exégèse de la rose.. Christine Ferlampin-Ager; Catalina Girbea. Matières à débat. La notion de matière littéraire dans la littérature médiévale, PUR, p. 329-338, 2017, Interférences, 978-2-7535-5368-2. ⟨hal-04166916⟩
8 Consultations
15 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More