Dans la continuité du « jeu des trônes » dont elle est une préquelle, la série House of the Dragon axe son récit sur un duo féminin : Rhaenyra Targaryen et Alicent Hightower. Autour de ces figures, le procédé de l'ellipse, aussi bien narrative que temporelle, rend d'autant plus palpable la dimension de récit d'apprentissage, en soulignant les évolutions des personnages et de leur rapport à elles-mêmes et au monde. Compte-tenu du contexte de création de la série - celui d'un spin-off devant transfigurer une matière littéraire de type chronique sous forme de fiction sérielle - nous proposons d'étudier la façon dont House of the Dragon cherche à donner une double-voix féminine à une chronique historique. L'évolution de l'identité d'Alicent et de Rhaenyra, ainsi que de leurs relations interpersonnelles, est ainsi analysée à travers le prisme des dynamiques politiques : du carcan familial et social patriarcal à l'indépendance rayonnante, de quelle manière ces deux femmes influent-elles la politique du monde connu ? Cet article s'ancre dans le cadre de la littérature comparée, enrichie des apports des études culturelles et féministes. Il investit un questionnement autour de cette dualité ambivalente qui dessine les mutations politiques du Monde Connu, du processus de l'ellipse en tant qu'outil de construction narrative de l'apprentissage, et de la création progressive, épisode par épisode, d'une voix - et par conséquent d'une identité - propre.