« Venerem inhibere. Les substances anaphrodisiaques dans les traités médicaux latins » - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2023

« Venerem inhibere. Les substances anaphrodisiaques dans les traités médicaux latins »

Résumé

Si la présence abondante dans les traités médicaux antiques de substances aux vertus aphrodisiaques n’a rien de surprenant, dans la mesure où elle rétablit ou améliore une fonction physiologique de l’organisme, celle des anaphrodisiaques l’est en revanche beaucoup plus. Il est aisé de comprendre que les Anciens aient considéré comme un élément à part entière de la thérapeutique les remèdes contre l’impuissance ou le manque de libido : ces défaillances devaient en effet constituer pour l’homme de l’Antiquité une blessure non seulement personnelle, mais aussi sociale, dans la mesure où la virilité résidait entre autres dans la capacité à féconder son épouse et à engendrer de nouveaux citoyens. En revanche, il semble tout à fait étonnant qu’un traité médical propose des substances visant à éteindre le désir sexuel et à empêcher les rapports amoureux, autrement dit à créer le dysfonctionnement volontaire d’un processus physiologique et naturel de l’organisme, dont le bon fonctionnement est précisément l’un des marqueurs d’une bonne santé générale. Néanmoins, force est de constater que, dans les traités médicaux latins, les anaphrodisiaques sont plus nombreux encore que les aphrodisiaques1. Sous le Haut Empire romain, on assiste même à une « explosion » de la présence de ces substances par rapport aux traités médicaux grecs antérieurs. Comment expliquer alors cet engouement pour de telles substances ? Les anaphrodisiaques ne sont-ils que des anti-aphrodisiaques, des aphrodisiaques inversés dont le mode d’action prend simplement le contrepied de celui des aphrodisiaques, ou obéissent-ils à d’autres règles, constituant ainsi une famille pharmacologique à part entière ? Nous étudierons pour cela leurs principes d’action, et verrons qu’ils ne relèvent en rien de l’arbitraire ou de la superstition induits par une médecine qui n’en serait pas encore vraiment une. Il convient en outre de s’interroger sur les buts de l’utilisation de telles substances. Nous tâcherons de démontrer que la place des anaphrodisiaques dans les textes médicaux latins est largement liée au contexte socioculturel dans lequel ces textes ont été rédigés, ce qui fait de l’étude de ces substances un élément de premier ordre concernant notre connaissance de la sexualité dans la société romaine.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04163764 , version 1 (17-07-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04163764 , version 1

Citer

Jean-Christophe Courtil. « Venerem inhibere. Les substances anaphrodisiaques dans les traités médicaux latins ». AMIEL (Gautier), LIONETTO (Adeline), MÉZIÈRE (Dimitri) (dir.). Les Remèdes à l'amour de l’Antiquité au XVIII siècle, Garnier, pp.147-165, 2023, 978-2-406-14743-5. ⟨hal-04163764⟩

Collections

UNIV-TLSE2 PLH
2 Consultations
0 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More