Fin 2013, la Guinée est touchée par une épidémie d’Ebola qui prend rapidement une ampleur majeure et se diffuse aux pays voisins. Un processus de Riposte épidémique est instauré par les autorités nationales et les institutions sanitaires internationales afin de contenir et stopper l’épidémie. Des projets de recherche incluant des essais cliniques pour un vaccin efficace et des études sur les conséquences de la maladie sur les sortis-guéris sont rapidement mis en place pendant et après l’épidémie, dont la fin officielle est déclarée en 2016. En février 2021, une résurgence de l’épidémie d’Ebola est officiellement déclarée en Guinée forestière par les autorités nationales. La maladie est identifiée avec l’aide du président par intérim de l’association de survivants d'Ebola en Guinée forestière, qui tient une clinique dans la ville de N’Zérékoré : alors que l’on transporte à l’hôpital une femme atteinte par la maladie, il reconnaît les symptômes du virus Ebola et conseille aux soignants de se protéger et de faire tester la patiente. Le test s’avère positif et le dispositif de Réponse épidémique est lancé par le gouvernement guinéen et ses institutions. La mobilisation des sortis-guéris – qu’elle soit située ou plus large, ponctuelle ou continue – participe ainsi à faire émerger une compétence locale de la surveillance épidémique. Du fait de leurs compétences et connaissances acquises par l’expérience de la maladie, ces derniers constituent des acteurs importants dans la prévention des futures épidémies. Dans ce contexte, le Centre de Recherche et de Formation en Infectiologie de Guinée (CERFIG), déjà à l’initiative de plusieurs projets de recherche avec les sortis-guéris – notamment le projet POSTEBOGUI de 2015 à 2019 sur les conséquences cliniques, immuno-virologiques et psycho-sociales de la maladie, ainsi qu’une recherche anthropologique lors de la résurgence d’Ebola en 2021 en Guinée forestière – propose d’examiner comment et dans quelles conditions les sortis-guéris peuvent mobiliser leurs connaissances afin de devenir des acteurs de la gestion du risque sanitaire et de participer de manière formelle ou informelle à la surveillance épidémique sur le territoire guinéen. Si des programmes sont actuellement mis en œuvre visant à évaluer le risque biologique d’une résurgence à partir des sortis-guéris, le présent rapport analyse les opportunités et conditions de la mobilisation des sortis-guéris dans le système de surveillance épidémique communautaire pour leur expertise.