Entre juin 1988 et mars 1993, la vie politique française est confrontée à une situation alors inédite depuis 1962 : le gouvernement ne dispose que d’une majorité relative à l’Assemblée nationale. Le soutien au cas par cas du groupe communiste pouvait encore apparaître comme relevant, malgré tout, d’une convergence à gauche – même si le PC était sorti de la logique tant de participation, que de soutien formel. En revanche, un autre soutien au cas par cas pouvait apparaître beaucoup plus transgressif, captivant donc l’attention des médias : celui du groupe Union du Centre, fort d’une quarantaine de députés. Il avait été bâti à partir du Centre des démocrates sociaux, l’une des cinq composantes de la confédération UDF, laquelle, dans la législature précédente, avait participé au gouvernement au sein de la coalition RPR-UDF, et continuait à disposer d’un groupe à l’Assemblée, mais composé des quatre autres composantes seulement. Pour tenter de mieux percevoir et de mieux qualifier ce qu’a été, du point de vue du jeu parlementaire, la spécificité de la période de gouvernement de Michel Rocard, c’est une perspective comparatiste qui est adoptée ici, élargissant l’approche à l’ensemble de la IXe législature : les majorités alternatives de Michel Rocard sont-elles les mêmes que celles d’Édith Cresson et de Pierre Bérégovoy, tous trois confrontés à la même contrainte parlementaire particulière, et la place qu’y a occupé le groupe centriste y a-t-elle été constante ou mouvante ?