Utiliser l'image à côté ou à la place du texte pour transmettre un savoir n'est pas chose nouvelle et le procédé n'est pas propre à la « littérature de jeunesse ». Au Ier siècle av. J.-C., Athénée le Mécanicien s'adressant à un certain Marcellus, personnage important, probablement le gendre de l'empereur Auguste, écrit : « Si tu l'admets, toutes les figures des machines seront dessinées, et ce qui est obscur à la lecture deviendra plus clair » . Aujourd’hui, l'image est omniprésente dans le monde de l’édition éducative à destination de l’enseignement secondaire, peut-être de façon exagérée parfois, mais, dans l’enseignement supérieur et les publications académiques, si l’image n’a plus le statut inférieur qui lui fut assigné à une époque, sa place diminue significativement alors qu'elle est très présente, sous des formes diverses, dès que la transmission du savoir s’adresse à des publics pluriels, ce que l’on appelle plus communément le « grand public ».

Partant de l'œuvre admirable et novatrice de Jean Claude Golvin en matière de transmission des connaissances sur l'Antiquité égyptienne, grecque et romaine, il s'agit ici d'abord d'explorer rapidement les pratiques de la littérature didactique antique en matière d'illustration. Dans un second temps et toujours en rapport avec le cœur du travail de Jean-Claude Golvin, d'aborder les problèmes posés par l'image de restitution archéologique. Le chapitre se termine par un aperçu des solutions apportées par la restitution virtuelle. L'objectif est de montrer que non seulement l'image a toujours eu sa place dans la démonstration scientifique et que cette place est essentielle (pas seulement pour le « grand public »), mais aussi que les techniques de l'imagerie numérique permettent d'aller encore plus loin en matière de recherche et d'enseignement sans pour autant venir remplacer les techniques traditionnelles du dessin manuel et de l'aquarelle.