Lifestyle and behaviour in archaic and classical Greece: The other language of citizenship
Résumé
Beyond the conventional view of citizenship as an established legal institution and the enduring narrative that assimilates citizens to members or subjects of an abstract polity, a new research field has emerged in social sciences with the notion of performative citizenship. It shows how much citizenship in contemporary societies is anything but a stable concept. If juridical approaches consider it as a fixed status, citizenship can also be analysed anthropologically as a social and political construct enacted in everyday acts. Similarly, for ancient Greece, citizenship has often been considered as a granted status enshrined in legal criteria and institutional affiliations, and therefore assimilated to the membership of a previously defined political entity, the polis. In previous studies, I argued, instead, in favour of describing archaic citizenship as participation in the many areas of social life and common affairs. Such a notion of performative citizenship also rests on concepts borrowed from sociology, anthropology, and political sciences, such as Weber’s Stand (status group), Mauss’ body, Bourdieu’s habitus, Wittgenstein’s Lebensform (form of life), as well as the ancient concept of schēma (attitudes and body language). All these concepts, which constitute the other language of citizenship as discussed here, refer to lifestyles and behaviours as practical fields in which citizenship could be defined and enacted in ancient Greece. In a second part of the study, the paper explores the citizen value of the athletic lifestyle in archaic and classical cities. Nudity in athletic exercises and austerity in public life came as a ‘modern’ way of life, first adopted by the Lacedaemonians and then, after the Persian wars, by the Athenians. The new lifestyle was contrasted to the luxurious behaviours of the past, then termed habrosunē in archaic Greece, which had become deprecated and rebranded as Oriental truphē in the classical world.
Au-delà de la vision conventionnelle de la citoyenneté en tant que statut juridique et du récit durable qui assimile les citoyens aux membres ou aux sujets d'une entité politique abstraite, un nouveau champ de recherche a émergé dans les sciences sociales avec la notion de citoyenneté comportementale. Elle montre à quel point la citoyenneté dans les sociétés contemporaines est tout sauf un concept stable. Si les approches juridiques la considèrent comme un statut fixe, la citoyenneté peut aussi être analysée anthropologiquement comme une construction sociale et politique mise en œuvre dans les actes quotidiens. De même, pour la Grèce antique, la citoyenneté a souvent été considérée comme un statut accordé, consacré par des critères juridiques et des affiliations institutionnelles, et donc assimilé à l'appartenance à une entité politique préalablement définie, la polis. Dans des études antérieures, j'ai plaidé en faveur d'une description de la citoyenneté archaïque comme une participation aux nombreux domaines de la vie sociale et des affaires communes. Une telle notion de citoyenneté performative repose également sur des concepts empruntés à la sociologie, à l'anthropologie et aux sciences politiques, tels que le Stand (groupe de statut) de Weber, le corps de Mauss, l'habitus de Bourdieu, la Lebensform (forme de vie) de Wittgenstein, ainsi que le concept antique de schēma (attitudes et langage corporel). Tous ces concepts, qui constituent l'autre langage de la citoyenneté tel qu'il est abordé ici, font référence aux modes de vie et aux comportements en tant que champs pratiques dans lesquels la citoyenneté pouvait être définie et promulguée dans la Grèce antique. Dans une deuxième partie de l'étude, l'article explore la valeur citoyenne du mode de vie athlétique dans les cités archaïques et classiques. La nudité dans les exercices athlétiques et l'austérité dans la vie publique sont apparues comme un mode de vie "moderne", d'abord adopté par les Lacédémoniens puis, après les guerres perses, par les Athéniens. Ce nouveau mode de vie s'opposait aux comportements luxueux du passé, alors qualifiés d'habrosunē dans la Grèce archaïque, qui avaient été dépréciés et rebaptisés truphē orientale dans le monde classique.
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