Effets de cadrage des dispositifs numériques participatifs d’observation et de sensibilisation à la biodiversité
Résumé
Le terme de « biodiversité » permet de mobiliser différentes approches en sciences de l’information et de la communication. En effet, plus que d’autres mots de l’environnement (Bourg, 2015), il peut s’étudier comme nouveau discours porteur de valeurs sur nos liens au vivant dans les mots et dans sa mise en images en comparaison à d’autres discours qui l’ont précédé ou qui se développent en parallèle (Jeanneret, 2010) mais il peut aussi être analysé, et c’est là une de ses particularités, comme un ensemble de dispositifs de connaissance désormais numériques, participatifs et internationaux (Gauthier et Kohlmann, 2023). Dans cette présentation, nous cherchons à montrer les effets de cette saisie par le numérique et la donnée sur notre compréhension et notre représentation du vivant. Pour ce faire, nous présenterons différents dispositifs numériques d’observation de la biodiversité comme la plateforme Nature-Isère (https://nature-isere.fr) qui a fait l’objet d’un projet de recherche précédent (https://mimesisere.hypotheses.org) ou différents portails biodiversité français ou internationaux, pour montrer les effets de cadrage importants qui se sont développés ces dernières années. Nous reviendrons également sur les aspects de transformation du vivant en données formatées et échangeables dans des systèmes informatiques internationaux. Ces enjeux autour de la connaissance sont importants et alimentent les politiques qui en découlent et les possibilités de communication et de « preuve » de l’effondrement de la biodiversité à l’instar des publications scientifiques sur le climat (GIEC, 2023). Cette uniformisation de notre manière de percevoir, comprendre et donner à voir le vivant soulève différents enjeux éthiques (Bona, 2021) sur nos ontologies naturalistes (Descola, 2005) et la place toujours croissante d’une approche gestionnaire et comptable de la biodiversité, du vivant et des services écosystémiques. En guise d’ouverture, nous évoquerons la « transition écologique » nouvelle formule du politique en matière d’environnement afin de démontrer comment elle paraît entériner une mise au second plan des questions éthiques et philosophiques de préservation du vivant (Kohlmann et Cambone, 2022) au profit de la “sobriété”.
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